Le Festival Rossini de Pesaro est désormais parvenu au niveau des plus importants d’Europe. Il offrait notamment entre le 10 et le 23 août les opéras Matilde di Shabran, Il Signor Bruschino, Ciro in Babilonia et Tancredi.
Pesaro donc, mardi 14 août : Matilde de Shabran. Des décors uniques pour tout le spectacle très habilement utilisés. Le metteur en scène a su relier les différents épisodes d’un opéra qui passe pour manquer d’unité. Cet ouvrage survint vers la fin d’une décennie durant laquelle Rossini avait révolutionné l’opéra italien tant comique que sérieux. Olga Peretyatko dans le rôle de Matilde s’est révélée une grande actrice et son talent exceptionnel de cantatrice s’est confirmé. Juan Diego Florez en Corradino, égal à lui même, a mérité le succès qui lui a été assuré. Paolo Bordogno (Isidoro) a un grand talent d’acteur et chante remarquablement. Le reste de la distribution scénique était d’une égale qualité. Michele Mariotti au pupitre fut à la hauteur de sa réputation.
Mercredi 15 août : Il Signor Bruschino. La critique s’est montrée réticente. Elle ne le sera pas sous notre plume. Il s’agissait d’une « farsa giocosa ». Légère, bouffonne, pleine de fantaisie. On s’est plaint de la trop modeste voix de Maria Alida (Sofia). Le rôle ravissant qu’elle incarnait demandait- il une imposante soprano ? On louera le jeu et le chant de Carlo Lepore (Gaudenzio). A la direction, Daniele Rustioni, sobre et efficace.
Jeudi 16 août : Ciro in Babilonia. C’est la mise en scène d’un spectacle dans un spectacle. Le début est assez gratuit : des spectateurs sur scène qui deviennent des choristes mêlés aux Babiloniens. Mélange perturbant. Deux éléments positifs en revanche : les costumes des personnages Babiloniens du spectacle réel et des décors usant du cinéma. Ewa Podles en Ciro, remarquable dans son chant et son expression. Jessica Prat (Amira) : belle voix et bon jeu de scène. Will Crutchfield est un chef d’orchestre qui s’impose par la précision et le style.
Jeudi 23 août : Tancredi. L’œuvre est l’opéra que Stendhal tenait pour le meilleur de Rossini. Contestable. Mais un signe de la valeur de cet opéra. Au pupitre, Alberto Zedda, ancien chef permanent à la Deutsche Oper de Berlin, chef invité ensuite. Daniela Barcellona en Tancredi tint toutes les promesses de sa réputation. Elena Tsallagova en Amenaide a de belles promesses à tenir. Antonio Siragusa est un ténor apprécié à Pesaro depuis longtemps. Quant à Alberto Zedda, riche de sa longue expérience, il fut ovationné.
Toute notre reconnaissance à Simona Barabesi, directrice du bureau de presse. Une dame d’une culture achevée, accorte et généreuse.
Vincent Azamberti
(1) propiciatoire : favorable à….
(2) Harmonia Mundi LDX 274865