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Interview de Didier Ferrari

jeudi 7 avril 2011, par Journal de la Corse

Didier ferrari

« Entendre rire les gens déclenche une sensation particulière. C’est tellement fort que ça m’émeut. Deux minutes d’applaudissements récompensent de mois de travail. C’est indescriptible. Jouissif. »

Didier Ferrari

Enfance, métier de coiffeur, montée à Paris, vous évoquez tout cela dans « Le grand saut ». Votre premier one man show ne pouvait être qu’autobiographique ?

Sans verser dans la psychologie de comptoir mon autobiographie est la matière émouvante que je connais le mieux ! C’était le meilleur chemin, le plus percutant pour aboutir à un spectacle, car mes problèmes personnels je les ai réglés. Je n’ai plus de fausses pudeurs et je suis toujours dans l’autodérision.

L’humour, le rire étaient-ils des passages obligés ?

Je n’en vois pas d’autres !. Je n’ai pas vocation de moralisateur. Je veux juste raconter des choses de ma vie qui font rire les autres. Mon but n’est pas que les spectateurs s’intéressent à ma petite personne mais qu’ils se retrouvent dans le spectacle.

Vous avez fait appel au metteur en scène Catherine Schaub. Comment avez-vous travaillé avec elle ?

En duo. Pendant que j’improvisais elle prenait des notes. J’étais debout, je marchais, elle partait des mots que je disais pour structurer le spectacle. De ma part il y a eu véritable écriture orale ! Catherine Schaub vient du théâtre et son approche de la scène est très imprégnée de celle du dramaturge libanais, Wadji Mouawad.

Le ressort de votre comique ? Pouvez-vous être surpris par des réactions de la salle ?

Mon comique se veut proche des gens et ne repose pas sur des vannes. S’il existe c’est grâce à l’histoire que je raconte et à ses moments drôles. Sur scène je fais ce qui doit l’être sur l’instant. Si les spectateurs rient je dois leur donner du temps. Maintenant avec l’expérience je sais mieux gérer les réactions de la salle parce que je suis sans cesse à l’écoute et que je sais aller crescendo.

Suivant l’endroit où vous jouez les rires sont-ils très différents ?

En Corse je mise plus sur notre humour spécifique, sur l’aspect identitaire de mon spectacle. Si je suis en Vendée ou sur la Côte d’Azur j’évite la tonalité corso-corse et si je dis une phrase en langue corse, je la traduis immédiatement. Selon l’endroit, selon le soir il y a toujours des bribes que j’enlève et d’autres que j’ajoute. Mais quant à son fond « Le grand saut » s’adresse autant aux continentaux qu’aux insulaires.

Vos humoristes préférés ?

Gad Elmaleh … Fernandel aussi, qui m’a beaucoup marqué par sa capacité à faire rire et sourire d’une mimique.

Les comiques sont souvent issus de minorités ou ont des origines typées ?

Peut-être parce qu’ils ont à retranscrire leur vie à eux, au sein de la majorité … Peut-être parce que cette majorité a moins de choses à dire que les minorités.

Qu’est-ce qui vous pousse à rester dans ce difficile métier de comédien ?

Des métiers j’en ai fait beaucoup et le seul qui ne me lasse pas c’est comédien. Il me procure énormément de plaisir, et lorsque je joue, je peux être successivement tout ce qu’un homme est pour vivre. Entendre rire les gens déclenche une sensation particulière. C’est tellement fort que ça m’émeut. Deux minutes d’applaudissements récompensent de mois de travail. C’est indescriptible. Jouissif.

Le rôle dramatique que vous aimeriez interpréter ?

J’aimerais un rôle très construit, un personnage peu sûr de lui, en désarroi mais qui finirait par s’en sortir. Néanmoins ma préférence va à la comédie.

Existe-t-il une recette de vraie-bonne comédie ?

Presqu’un pari impossible ! Il faut du fond, ça j’en suis sûr, et souvent c’est ce qui manque. Personnellement j’ai espoir d’en écrire et d’en réaliser une, vraie-bonne comédie.

Dans l’immédiat qu’y-a-t-il sur votre agenda ?

Pour novembre une présentation aux professionnels du « Grand saut » à Paris. Du cinéma. Une tournée d’été en Corse.

Propos recueillis par M.A-P

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