« On s’est vite orienté vers une professionnalisation au plan de la programmation, et on a eu vite l’idée qu’il fallait une ouverture pour que la circulation de la création se déploie de l’île vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’île. »
Olivier van der Beken
Comment allez-vous fêter les 20 ans d’Anima ?
En proposant des rendez-vous à l’image de l’histoire du centre culturel. Le 19 novembre nous célèbrerons la première réunion de ce qui deviendra Anima en invitant ceux qui étaient là à l’origine de notre aventure. Prévue aussi une soirée avec des groupes débutants pour être au diapason de notre naissance ! Autre moment fort en avril avec le festival de l’École de Musique. On recevra des chanteurs qui interprèteront des chansons marquantes de leur histoire personnelle. En échange les élèves chanteront une de leurs créations. Il y aura également une tournée des élèves dans les villages de la Plaine Orientale. Enfin, troisième temps important en juin, dont le contenu reste à préciser.
En deux décennies qu’est-ce qui a le plus changé dans le panorama culturel de l’île ?
Pour moi c’est la professionnalisation et la structuration du secteur de la culture, et ça pour le meilleur … ou pour le pire estimeront certains ! Dans la période où Jean Baggioni, aidé de Michel Rossi, était à l’exécutif de la CTC, il y a eu de gros investissements dans des lieux de diffusion : musées, cinémathèque, dans les festivals aussi …
L’évolution des propositions d’Anima ?
On s’est vite orienté vers une professionnalisation au plan de la programmation, et on a eu vite l’idée qu’il fallait une ouverture pour que la circulation de la création se déploie de l’île vers l’extérieur, et de l’extérieur vers l’île. Simultanément on a eu le souci constant de la pluridisciplinarité et du jeune public.
Musique, cinéma, théâtre, exposition, quelle périodicité ?
Sur l’année il y a une vingtaine de représentations de spectacles vivants, en particulier à l’attention des scolaires. Chaque année on propose un spectacle toutes les trois semaines. Pareil pour les séances de cinéma. On planifie une exposition par trimestre. Dans chaque discipline on veille à la qualité tout en se gardant de tout élitisme.
Quelle est votre politique en matière de résidences d’artistes ?
On accueille les groupes et les compagnies dont on apprécie le travail ou qui sont naissants parce qu’on a un rôle de repérage. Mais cela exige beaucoup de temps pour l’accueil, pour les conditions techniques, pour des rencontres avec les gens. Chaque résidence doit en outre se conclure par une présentation publique du travail réalisé par les artistes.
Certains vous reprochent votre peu d’attention portée à la langue corse ? Que répondez-vous ?
Si l’on compare avec les autres centres culturels de Corse il n’est pas sûr que ce reproche soit fondé !... C’est un peu un cliché, tout comme celui de ne pas nous intéresser à la création insulaire. Du corse on peut en entendre dans le théâtre et dans le chant. Le hic c’est la faible audience qui entoure souvent les spectacles de théâtre.
On parle beaucoup de la création d’un centre culturel à Prunelli di Fiumorbu. Un doublon ?
La population de la Plaine Orientale a véritablement besoin de cet équipement. Conventionné par la CTC Anima a sa place dans un tel projet, et espérons qu’il y ait une réelle concertation entre les intéressés.
Si on résumait la philosophie d’Anima ?
Comme les épiceries de village on doit répondre aux besoins culturels de première nécessité des villageois ! A un autre niveau on est un moyen d’émancipation de l’individu ! Il faut éviter le piège que représente la confusion entre culture, tradition, et identité ainsi que le conservatisme culturel.
Propos recueillis par M. A-P