Pourquoi le mot « Rock » pour qualifier votre exposition ?
« Rock » commence par « R » comme rue qui implique la spontanéité. « Rock » à cause de l’utilisation du support – le carton – qui n’a rien de noble, car il est usuel. « Rock » …dans le sens de spontané comme ce qui vous pousse à prendre un train en marche, dans l’urgence, lorsqu’on a 18-20 ans. Mais si « Rock » renvoie à un matériau commun, il connote aussi quelque chose qui relève du sacré. D’une mystique … païenne.
La photographie, le dessin et la calligraphie, et maintenant ces objets que l’on découvre à « L’Isula ». Autant d’étapes de votre parcours artistique ?
Le long de ma route j’ai rencontré des fées. D’abord il y a eu Nico, la chanteuse rock underground pour laquelle j’ai inventé le miroir-concept. Ensuite ce fut Armande Altaï, chanteuse également qui m’a poussé à dessiner, à calligraphier car elle sentait en moi un don. Puis il y a eu Patrizia (Poli) qui a fait sortir de moi l’objet … I
l y a dans vos œuvres des symboles que vous avez créé et qui sont si récurrents qu’ils en deviennent presqu’une obsession. Citez- les nous ?
Le premier d’entre eux est sans doute « le soleil androgyne », un paradoxe puisque dans une logique rock je suis un enfant de la lune ! « L’étoile pentacle » revient également fréquemment. Et puis il y a « l’œil couronné » qui me poursuit depuis l’enfance, depuis l’ochju pratiqué par ma grand-mère dans la vieille bergerie familiale. Je pourrai ajouter encore l’hippocampe, lié à l’élément aquatique qui symbolise la sagesse et une part de l’inconscient puisque cet animal mythique hante les profondeurs marines.
La part accordée au mysticisme dans vos œuvres ?
Elle est très importante chez moi, bien que je sois très ouvert sur la réalité, sur les êtres … Il faut d’ailleurs saisir mystique au sens de mystère … Mystère de l’exil de l’homme sur terre … Mystère d’une condition humaine où l’on est seul, mais avec l’autre, comme en une solitude plurielle.
L’image du chat dans vos « cartons plume » à quoi renvoie-t-elle ?
Le chat c’est la beauté du regard, le silence, la souplesse, le mystère … Sur ces « cartons plume » c’est Tennessee, mon chat. Lorsque ma vue a commencé à me poser de sérieux problèmes il ne m’a plus quitté. Il m’a aidé à surmonter les difficultés et cela m’a valu une expérience unique. Le chat est mon animal favori. Je le situe au-delà du langage tant ses attitudes peuvent être spirituelles !
On peut discerner une influence de l’Inde dans vos compositions. Pour quelles raisons ?
C’est juste un petit clin d’œil, qui se limite à une fonction ludique, à un exotisme au bon sens du terme. Personnellement je suis plus attiré par le zen, qui est abstraction totale.
Une influence africaine aussi ?
L’Afrique m’intéresse parce que d’elle émane une énergie tellurique alors que l’Asie personnifie l’air et l’eau. L’Afrique c’est la terre. L’Asie les fleuves. Vert, jaune, rouge j’ai repris les couleurs d’une Afrique mythifiée, idéalisée par les rastas de la Jamaïque où j’ai vécu.
Vos créations sont d’ordinaire en noir et blanc. Que signifie ce passage à la couleur ?
La couleur, selon moi, c’est la naïveté, sans contenu péjoratif. C’est l’harmonie de l’arc-en-ciel. C’est le mot … Le noir et blanc, dont je suis un adepte, c’est le regard. C’est le silence.
La signification du triptyque consacré au trio, « Soledonna » ?
« Les Soledonna » sont les trois parques du destin : l’une file, l’autre déroule le fil que la troisième coupe. Le triptyque se déchiffre comme une écriture qui se lit et de gauche à droite et de droite à gauche, mais dont le centre reste le même, et au centre il y a Patrizia Poli.
Vos perspectives ?
Mes yeux …
Propos recueillis par M.A-P