Accueil du site > Culture > Huit artistes nordiques Cap sur la Norvège …
 

Huit artistes nordiques Cap sur la Norvège …

jeudi 29 mars 2012, par Journal de la Corse

Tous les deux ans « BD à Bastia » nous entraîne à la découverte de bédéastes d’ailleurs. En 2012 honneur aux Norvégiens…

A l’évocation de la Norvège on pense fjords si l’on a l’esprit géographe, vikings si on a le goût de l’épopée, Ibsen si l’on se passionne pour le théâtre, Munch – bien sûr – si l’on vibre pour la peinture… ou à une certaine dame aux lunettes rouges si on a une certaine idée de la politique… Mais après le festival bastiais notre culture en matière de Norvège sera plus riche, plus étoffée, moins riquiqui, moins étriquée version art graphique et bédéiste. Bref, bienvenue à cette bouffée d’air frais nordique ! La BD de Norvège commence à être connue et reconnue hors de Scandinavie et entre autres en France depuis assez peu de temps. Signe d’une audience grandissante Angoulême lui a fait un bel accueil. Pour le néophyte ce qui saisit d’emblée c’est la diversité, l’éclectisme des bédéastes norvégiens dont les univers peuvent refléter le foisonnement ou le dépouillement, le noir et blanc ou la couleur, le trait fusant en arêtes vives ou se déployant en rondeurs, le dessin très fouillé ou simplifié à l’extrême, le fantastique ou le réalisme, la dérision ou la révolte. C’est dire que chaque auteur, chaque dessinateur a son monde et doit être apprécié dans son individualité, dans ce qui caractérise l’essence de son originalité. Si l’on cherche néanmoins des traits communs à cette bédé, la journaliste et traductrice norvégienne, Erle Marie Sørheim relève dans « Blekk » que « noirceur et mélancolie sont indéniablement présentes dans bon nombre de créations ». « Blekk » brosse d’ailleurs un intéressant panorama de la BD de Norvège. A cette tonalité sombre, qui n’exclut pas l’ironie, la spécialiste ajoute également la critique sociale ainsi chez un Christopher Nielsen, artiste novateur et captivant de la génération des années 90, et un coup pessimiste de crayon comme celui d’un Jason, qui a conquis une notoriété internationale. Longtemps axée sur les productions jeunesse la bande dessinée norvégienne prend un contenu et une expression graphique plus pointue dans les années 70. C’est à cette époque en effet que dans le courant des contre-cultures naît une BD aux accents politiques et révolutionnaire. Autres étapes importantes la fondation en 1992 de la maison d’édition « No Comprendo Press » puis des éditions « Jippi ». Apparait ensuite le collectif « Dongery ». Avec la première décennie du siècle éclot toute une génération fertile de nouveaux artistes qui s’illustrent dans des styles fort variés et des genres qui vont du social à la biographique, de l’histoire au récit intime et parfois narquois. Bastia aura la chance de recevoir huit talents très créatifs : Jason qui sait si bien allier l’épure à la complexité du dessin, et chez qui le mutisme le plus absolu se fait éloquence. Martin Ernsten qui réinterprète une préhistoire futuriste où s’agitent des monstres bonnes pâtes et ballots. Bendik Kaltenborn à la simplicité efficace et souriante. Inga Sætre qui se collète au quotidien des femmes avec ses joies et ses tristesses, avec ses cocasseries saugrenues et ses gentils ridicules. Øyvind Torseter, marqué par le surréalisme et le fantastique. Lene Ask, auteure d’un roman d’apprentissage, « Hitler, Jésus et Grand père » au fort retentissement. Lars Fiske au graphisme expressionniste très particulier. Steffen Kverneland au remarquable sens du dessin. En collaboration avec Fiske il a publié un ouvrage singulier qui a remporté beaucoup de prix et emballé public et critiques en s’affirmant à la fois biographie, narration de voyage, reportage « gonzo », évoquant vie et carrière du dessinateur norvégien Olaf Gulbransson.

M.A-P

Répondre à cet article