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« How Low Cost » : Des héritiers de « Harakiri »

jeudi 22 septembre 2011, par Journal de la Corse

Pierrick Juin, Quentin Klein, Hugo Chevalier ont lancé « How Low Cost », collectif artistique et « Schlep », une équipe de communication. Ils ont entre 24 et 28 ans, et travaillent entre Bastia et Nancy. Leur double initiative a deux ans d’âge.

« Harakiri », le journal « bête et méchant », aux dessins sulfureux et parfois scabreux, grinçants et parfois horripilants. Magazine ne s’embarrassant pas de circonvolutions. A « Harakiri » le mouvement de mai 68 doit beaucoup. Par exemple d’avoir appelé un chat un chat, de ne pas s’être encombré des oripeaux de l’hypocrisie, d’avoir usé de mauvais goût (ou de ce qu’on désigne comme tel). De « Harakiri » les promoteurs de « How Low Cost » ont hérité un esprit actualisé à l’air du temps. « How Low Cost », appellation pied-de-nez à une société de la marchandise avec en soldes permanentes la mort au travail : suicides et burn out … Avant, certes, on se tuait déjà à la tâche, mais c’était d’usure ou d’accident. De ce constat s’est imposée aux jeunes créateurs la vidéo « Souffrances ». Images d’une cabine téléphonique où pend un nœud coulant, évocation de l’ingratitude d’employés osant se trucider sur les magnifiques lieux de leur gagne pain, façon ultime de pointer du doigt un management honteux (France Télécom). L’objectif enregistre les réactions des passants : ceux qui captent d’emblée la signification de la mise en scène, ceux qui se gourent d’interprétation. Dans la foulée le collectif réalise un poster, « Travaille ton patron » qui souligne et surligne ce propos dénonciateur. Deuxième poster accompagnée d’une courte vidéo aux allures de témoignages, « Make your penis bigger ». Cible : la téléréalité avec déballage de problèmes sexuels. Drôlerie ironique et pitoyable tristesse. Autre volet de l’activité des trois garçons : « Schlep », atelier de communication. L’intitulé est emprunté à l’argot lorrain, et veut dire « bras cassé ». Le mot a aussi une correspondance en anglais (a schlep journey, un voyage qui se traîne). Il a surtout le mérite d’intriguer et de déraper sur la glotte. Pourquoi cet incursion du lorrain ? Parce qu’Hugo, Pierrick et Quentin ont fait les Beaux Arts de Nancy. Tonalité, références de « Schlep » sont évidemment jumelles de celles de « How Low Cost ». De la Corse à la Lorraine les trois plasticiens-communiquants débattent constamment sur Skype ce qui leur donne trois paires d’yeux sur leurs projets.

Michèle Acquaviva-Pache

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