Cunsigliu n’est pas un roman historique, c’est un récit où des destins se croisent, qui commence et finit au chevet d’un chef de clan, Joseph Tarco, di le Sgiò, détenteur et protecteur d’un secret. La morale n’est pas très optimiste, et ainsi que l’auteur le dit, il a cherché à monter « qu’en chacun de nous réside la « banalité du mal » et qu’elle peut s’exprimer à tout instant si les conditions l’imposent. »
Secret du lazaret Padulacci
Le livre s’ouvre sur la mort de Sgiò Ghjasè, qui fait de Joseph Tarco le nouveau chef de clan. Une veillée funèbre qui permet de placer les pions, de laisser deviner des secrets de la famille, les relations entre les différents protagonistes, qui tisse en toile de fond le combat de la tradition contre la modernité. Joseph Tarco, en devenant le nouveau Sgiò, consacrera sa vie à la protection du secret du lazaret Padulacci et à la quête d’objets antiques qui le constitue, les gorgones étrusques. Un secret très lourd, dont certains pourront payer le prix fort pour avoir voulu le percer sans être ni initiés, ni invités. Un secret qui se transmet, et qu’Angélique et Aurélien auront à préserver à la disparition de Joseph, leur ancêtre. Ce patriarche qui a invité ses anciens ennemis à créer avec lui le Cunsigliu, un clan solide et traditionnel, à la manière de ce qui se pratiquait dans le Mezzogiorno. Un conseil qui impose sa loi, en Corse et à Paris, grâce à un mystérieux chantage.
Intrigue inspirée
L’intrigue de Cunsigliu se construit sur des éléments qui ont des évocations réelles et qui pourtant n’appartiennent qu’à la fiction. Elle a été construite à partir de deux documents fondateurs, qui ont permis à l’auteur de donner un vernis scientifique : un article de Bauduer, Hématologie et populations, qui met en rapport les critères géo-environnementaux en hématologie génétique et le rôle des parasitoses dans la mutation de certaines maladies du sang ; et un autre intitulé The Rockefeller Foundation and the prevention of malaria in Corsica, qui retrace les grandes dates de l’action de la fondation Rockefeller dans l’histoire de la lutte contre la malaria en Méditerranée. Le « programme Hermès », tel qu’il est intégré dans le roman n’existe pas. Un scénario bien ficelé, d’inspiration multiple qui entraine le lecteur dans les coulisses du Cunsigliu.
Myriam Mattei
Marc Bonnant, Cunsigliu (le conseil), l’apart éditions, 330 pages, 20 €