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« Grand peur et misère du III e Reich » de Brecht Douze jeunes en scène

jeudi 19 mai 2011, par Journal de la Corse

A l’Affiche de l’atelier, Théâtre-Mouvement-Musique, une pièce phare de Brecht dans une mise en scène de Catherine Graziani. Un spectacle exigeant et audacieux joué par des adolescents.

« Grand peur et misère du IIIe Reich » est sans doute une des œuvres les plus emblématiques du dramaturge allemand. Par son propos : la dénonciation du national socialisme. Par sa façon de choisir ses personnages parmi les gens ordinaires, ceux qu’on croise tous les jours dans la rue, qu’ils soient jeunes ou vieux, chômeurs ou ouvriers, patrons ou professeurs, qu’ils appartiennent à la bourgeoisie ou au prolétariat. Par la construction de la pièce : des scènes du quotidien qui sont autant de tableaux de la réalité germanique durant la période nazie. Bertolt Brecht écrit la pièce entre 1935 et 1938. Il s’est inspiré de faits réels qu’on lui a rapportés et d’extraits de journaux. Dans cette vie qui va … sous Hitler, qu’il dépeint, mieux qu’il dissèque, tel un entomologiste ses insectes, il s’arrête sur des situations si pleines d’angoisse qu’elles en deviennent révoltantes. Il restitue une atmosphère empuantie par la servilité ambiante et l’ignominie quasi générale. Mais pas de complaisance chez Brecht il pousse le spectateur à refuser la passivité. A briser le carcan de Sainte Trouille et de Sainte Pétoche. A rejeter l’inacceptable. A dire : Non … Caustique, sarcastique encore le ton du dramaturge. Résultat on est souvent amené à rire … jaune. Très jaune ! A réfléchir aussi … Très sérieusement ! Pour sa mise en scène Catherine Graziani a fait le choix d’une formule cabaret. Sa ligne directrice : suivre la fameuse distanciation brechtienne voulant bannir l’illusion théâtrale au profit d’une esthétique favorisant une réaction critique du public, qui ne doit pas se laisser prendre au jeu, mais doit, à l’inverse, conserver intact son potentiel de raison. Politique le théâtre de Brecht sans être ennuyeux ou didactique. Marxiste son approche, ce qui lui évite de sombrer dans le gouffre de la désespérance.

Michèle Acquaviva-Pache

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