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Frédéric Berthocchini, président de l’association "Cases et Bulles"

jeudi 20 octobre 2011, par Journal de la Corse

Le festival BD, neuvième du nom vient tout juste de fermer ses portes. L’occasion pour Frédéric Bertocchini, président de l’association "Cases et bulles", à l’origine de la création de la manifestation, en 2003, de faire le point sur l’engouement que suscite le 9e art en Corse mais aussi l’éclosion de nombreux auteurs insulaires.

Le neuvième festival de la BD a fermé ses portes le 9 octobre dernier, à Ajaccio. Quel bilan faites-vous, de cette manifestation ?

C’est un bilan forcément positif. Pour notre retour au Palais des Congrès, j’estime que tout s’est très bien passé avec une fréquentation estimée entre 20000 et 30000 visiteurs durant le week-end. Le thème choisi cette année, "la BD nustrale" a montré, si besoin est, qu’en Corse, le 9e art connaît un essor considérable. Les retombées économiques sont également très importantes avec un millier d’albums vendus pour les seules éditions "DCL".

Peut-on dire que l’univers de la BD insulaire est, aujourd’hui pérennisé ?

Je pense que la machine est en route. Lorsque l’on a débuté le festival, il y a neuf ans, le paysage de la BD insulaire était relativement faible, avec seulement deux auteurs sur la trentaine présents. Cette année, ils étaient quinze sur un total de quarante trois, ce qui est énorme et qui témoigne de l’engouement que suscite l’univers de la BD chez nous. La BD Corse a pris son envol. De nombreux auteurs parviennent à éclore et nous avons, ne l’oublions pas, un éditeur "Corsica Comix" et de très belles collections au sein d’autres maisons d’édition comme "DCL".

Quel était votre objectif, lors de la création de l’association "Cases et Bulles" en 2003 ?

Il y a deux points importants, je pense, à retenir, à travers la naissance de l’association et du premier festival BD. Nous voulions, dans un premier temps, faire renaître une manifestation de ce genre après la disparition du festival "Télébédéciné" qui avait fait vibré les Ajacciens durant de longues années. Le but, consistant à le faire revivre dans une autre formule. Ensuite, on a constaté que la BD corse était, peu à peu, entrain de mourir et il était impératif de faire quelque chose. On a, donc voulu créer une manifestation qui permette, à la fois, à l’univers du 9e art, de retrouver sa place dans l’île, et, en même temps de promouvoir les auteurs et dessinateurs insulaires.

Quelle peut-être la place de la BD corse dans la société insulaire ?

Il faut souligner qu’elle a toujours été présente mais si, longtemps, ce fut de manière épisodique. Il y a eu, notamment Gaspard ou Batti qui étaient, le plus souvent des dessinateurs de presse et des magazines tels que "la macagna" où la BD insulaire était présente. Cependant, la nouvelle génération se caractérise beaucoup plus par la BD au sens littéral du terme. Je pense, entre autres à Lisandru Ristorcelli qui fait du comique un peu "à l’américaine". D’autres auteurs prennent leur envol comme Frédéric Federzoni par exemple. La BD Corse se porte très bien et je reste persuadé qu’elle va encore se développer. Toutes les conditions sont, en tout cas, créées pour son essor.

La BD insulaire regroupe, aujourd’hui, une quinzaine d’auteurs. Quant au festival, il rassemble, chaque année, un public de plus en plus nombreux. À quoi attribuez-vous cette réussite ?

Elle est due, avant tout au talent de tous ces scénaristes et dessinateurs. Aujourd’hui, de nombreux éditeurs leur donnent leur chance, ce qui contribue à mettre leur travail en valeur. Nous avons, environ 3 à 4 albums de BD insulaire par an, il y a donc toute une dynamique qui s’est développée. Il ne faut pas oublier, en outre, que lors du dernier festival, les auteurs corses étaient les plus prisés. Et pourtant, je peux vous assurer qu’il y avait du beau monde avec...(deux ou trois noms) ! Les auteurs corses ont leur public. Le festival, est, pour sa part, une vitrine indispensable.

Quelle est la place de la langue corse dans la BD ?

Elle reste présente et c’est aussi l’un des objectifs de l’association. Peu à peu, elle se développe. La trilogie de Pasquale Paoli, que j’ai réalisée avec Patrick Rücksthül a été traduite en Corse. Il en sera de même pour Sampiero Corso dont la BD devrait sortir d’ici 2012 dans deux versions l’une en Français, l’autre en Corse. Par ailleurs, j’utilise la langue corse dans la BD "Petru Santu", il en est de même pour d’autres auteurs comme Batti, par exemple. Tout dépend, en fait, de la compétence de chacun. Sachant, par ailleurs, que nous avons, en Corse, plus de dessinateurs que de scénaristes.

Venons-en à votre parcours personnel. Vous en êtes à votre dixième album. Comment, cette passion pour la BD est-elle née ?

C’est un ensemble de choses. J’ai appris à lire avec "Tintin et le sceptre d’Ottokar". Je pense que ma passion pour le 9e art date de cette époque. J’ai, par ailleurs, un doctorat d’histoires et je suis également un grand amoureux de mon île. Je pense, à un moment donné, que ces trois passions, la BD, l’histoire et la Corse, se sont regroupées et m’ont donné envie d’écrire des scénarios. J’ai trouvé, ensuite, qu’il était important, à travers la BD, de parler de la Corse au plus grand nombre mais aussi de populariser, en quelque sorte, cet univers. J’ai fait la trilogie sur Pasquale Paoli, Jim Morrisson, j’ai lancé une collection qui s’intitule "Histoires corses", chroniques, nouvelles sur l’histoire de la Corse. Le premier tome évoque, par exemple les Giovannali.

Votre avenir personnel ?

Je vais continuer dans la voie de la BD corse avec, comme cité précédemment, une série sur "Sampiero Corso", la suite d"histoires corses", un album sur Colomba, une adaptation de l’oeuvre de Prosper Mérimée. Parallèlement à ça, je travaille sur d’autres projets, à plus grande échelle, comme "Libera Me", un thriller dont l’histoire se déroule à l’époque du FLNC dans les années quatre-vingt, "La Cordillères des âmes"....ou...

La BD insulaire et le festival ?

On travaille déjà sur l’édition 2012 qui marquera le dixième anniversaire de la manifestation. Pour ce qui est de la BD insulaire, quand on voit la dimension qu’elle a pu prendre en une dizaine d’années, on ne peut qu’être résolument optimiste avec l’arrivée, sans cesse, de nouveaux auteurs et de nouveaux albums. Quant au festival, il poursuivra son chemin dans un rôle de locomotive drainant, dans son sillage, l’ensemble de la production insulaire.

Interview réalisée par Joseph Albertini

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