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Fonds régional d’art contemporain à Corte

jeudi 7 juillet 2011, par Journal de la Corse

Exposition, « Là où se fait notre histoire »

Vrai de vrai les salles cortenaises du FRAC sont rouvertes et vont le rester … Officielle, certaine la nouvelle et pour renouer avec les bonnes habitudes (trop longtemps entre parenthèses) Anne Alessandri, directrice du FRAC, nous propose une très intéressante exposition, occasion de (re)découvrir vingt et un artistes.

Ce titre, « Là où se fait notre histoire », citation extraite d’un livre de Marguerite Duras, c’est une invitation à explorer nos temps présents, du quotidien le plus prosaïque – celui des repas de famille – à l’exercice distancé du regard déployant sa vigilance à saisir une époque dans sa substance et dans ses caractéristiques appelées à faire date. Les œuvres proposées témoignent de la routine avec ses banales et répétitives gestuelles ou de perspectives annonciatrices d’amples changements ponctués de ruptures brutales ou de fêlures insondables et inquiétantes. Des pièces recèlent aussi leur dose tonique d’ironie pour certaines, de poésie dotée d’une charge combative pour d’autres. Italie, Espagne, Cameroun, Japon, Corse, Portugal, France, Corée le parcours de l’exposition nous entraîne presqu’aux quatre coins de la planète. Horizons des grands larges voisinant avec la proximité la plus étroite insérée au cadran du jour. Et la géographie du lieu de s’accommoder au chronomètre de l’instant. L’histoire, celle qui est en train de se faire. Ici et maintenant. Ailleurs et aujourd’hui. Réels pluriels d’un monde qu’on dit global alors que la diversité s’impose en force ou se laisse soupçonner sous le fard des apparences. La promenade artistique dans ce qui était la citerne de la citadelle de Corte, démarre avec une admirable photographie de Leonardo Boscani, qui proclame une opposition citoyenne face à l’outrecuidance de multinationales tandis qu’à ses côtés se dresse la mappemonde de Michelangelo Pistoletto « encagée » dans des méridiens de fil de fer barbelé. Sophistiquée dans son extrême rigueur la pièce de Subodh Gupta, avec sa part d’humour lorsque l’œil apprivoisé démasque sous tant de beauté des composants droit venus d’une cuisine indienne ! Intense d’humanité la vidéo de Bouchra Khalili réalisée à Istanbul, contant le drame d’une réfugiée irakienne, clandestine douze ans durant sur les rives du Bosphore. En cheminant d’œuvre en œuvre des trouvailles étonnantes, de quoi stimuler une curiosité, impératif catégorique pour éviter d’être submergée par des océans de platitudes.

Michèle Acquaviva-Pache

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