Une autre Afrique
Le Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision) vient d’achever sa 22ème édition à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Longévité remarquable de cette biennale née en 1969. Vitalité singulière aussi avec 180 œuvres en compétition. Créativité marquante par la diversité de ses propositions.
Pavoisée Ouagadougou prend un air de fête durant le festival. Comme si morosité et tensions étaient suspendues entre parenthèses ! Moment à part que celui du Fespaco dans une ville qui se met à vivre au rythme des projections proposées dans de multiples salles et lieux. Avec un succès public qui dépasse, parfois, largement espoirs et prévisions. Avec des rencontres et des publications festivalières très diverses. Avec des débats, des forums, des nuits musicales. Avec de la mode et de l’artisanat … Avec de bons films … bien sûr ! Thème du colloque majeur de l’édition 2011, « Cinéma africain et marchés ». Plutôt préoccupante, en effet, la distribution du film d’Afrique en Afrique, qui ne représente que 3% de l’offre en direction des spectateurs alors que le cinéma américain rafle 70% de part de marché. Or, le manque de distributeurs ne peut qu’avoir des répercussions négatives, en amont, sur la création. Quelle solution avancer, invente, devient alors un souci pesant. Comment simultanément tirer part du potentiel des 300 chaînes de télévision privées existantes sur le continent africain, chaînes se partageant 700 millions de téléspectateurs répartis dans 44 pays. Les cérémonies d’ouverture et de clôture de la manifestation ont attiré la foule des grands jours dans le vaste stade du 4 août de Ouagadougou. Beaucoup, beaucoup de jeunes et même de très jeunes sur les gradins. Intéressantes chorégraphies de la compagnie de danse contemporaine, Salia Sanou, lors de ces deux temps forts sur des trames mariant histoire et tonalités très modernes. De la musique, des chansons, des feux d’artifice, bref, des festivités en idéale concordance avec l’événement. La compétition officielle exclusivement réservée aux films africains et de la diaspora africaine s’est déployée en cinq sections : longs métrages de fiction, courts métrages de fiction, documentaires, films de la diaspora, productions télévisuelles. Hors compétition une série d’hommages aux hommes de l’art qui ont fait le cinéma d’Afrique, des « Panoramas » regroupant des réalisations récentes, et une section « L’Afrique vue par… » pour ne citer que quelques sections. De nombreux prix ont couronné les lauréats. Le plus convoité ? L’Étalon d’Or de Yennenga récompensant le vainqueur de la compétition longs métrages. Cette année il est allé au cinéaste marocain, Mohamed Mouftakir (photo) pour « Pégase ». L’Étalon d’Argent est revenu au Tchadien, Haroun Mahamat Saleh pour « Un homme qui crie », et l’Étalon de Bronze à l’Ivoirien, Owell Brown, pour sa comédie drôle et romantique, « Le mec idéal ».
Michèle Acquaviva-Pache