Fenêtre ouverte sur la Péninsule
Du 4 au 11 février rendez-vous au 24e festival du Cinéma Italien de Bastia. Des comédies. Des drames. De l’action… Des films pour tous les goûts. Des retrouvailles attendues.
Éclectisme de rigueur pour l’affiche 2012 du festival. Éclectisme synonyme de variété, voilà la base d’une manifestation qui attire toujours un très nombreux public. Éclectisme mais aussi une sélection rigoureuse des films en compétition, qui doivent bien sûr offrir un panorama du 7ème art italien de l’année écoulée. Du cinéma de son pays, Lidia Morfino, l’un des piliers de la manifestation, donne cette amusante et révélatrice définition : « C’est la vie de tous les jours des Italiens… mais avec des paillettes ». A l’affiche douze œuvres en compétition, et six dans la section « Hors Compétition », sans oublier ceux des sections « Ciné Jeunesse » et « Cine Memoria ». En ouverture place au rire avec « Manuale d’amore 3 » de Giovanni Veronesi. En lice pour les trois prix décernés par le festival bastiais : une comédie à la Monicelli avec « Figli delle stelle » de Lucio Pellegrini. Ce film met en scène des précaires d’aujourd’hui, empêtrés dans les eaux saumâtres de la crise, qui leur vaut de vivre une vie ressemblant à celle de leurs grands-parents - arrière-grands-parents plutôt après guerre. Quelle avancée sociale ! Autre style de comédie, reposant, elle, sur les clichés dont le nord de la péninsule affuble le sud : « Che bella giornata » de Gennaro Nunziante. Une histoire, qui pour ne pas faire dans la dentelle, n’en est pas pour autant vulgaire. Dans un registre tout opposé, impossible de faire l’impasse sur l’œuvre très forte de Daniele Gaglianone, « Ruggine » dont le thème est la pédophilie. Un sujet grave dont, en Corse, on tait trop souvent les conséquences indélébiles sur les victimes, parce que c’est plus commode. Plus confortable de ne rien voir, de ne rien entendre. Parce qu’à la confrontation frontale avec ce problème on préfère la bonne vieille hypocrisie ! Pupi Avati, dont on suit les créations depuis une vingtaine d’années nous revient avec « Una sconfinata giovinezza » tandis qu’hors compétition Michele Placido signe la réalisation de « Vallanzasca », portrait du gangster du même nom qui s’est illustré dans les années 70, auprès des Italiens, par son charme, par son humour, par son charisme malgré les violences perpétrées par son gang. A signaler dans le rôle titre l’excellent Kim Rossi Stuart. Le festival italien c’est encore deux conférences de la « Dante Alighieri » l’une sur Artemesia Gentileschi, l’autre sur Vittorio Gassman, précédée d’un récital de Battista Acquaviva. Quant au jury il sera présidé par Yves Boisset.
Michèle Acquaviva-Pache