Une passion bastiaise !
Jamais autant de spectateurs. Une salle du théâtre pleine tous les soirs… Le festival du cinéma italien de Bastia a connu un succès inégalé.
La manifestation bastiaise c’est, à chaque édition, l’assurance de voir les incontournables de la production cinématographique de l’année en Italie. Comédies ou drames, films d’auteur ou grand public, premières œuvres ou longs métrages de cinéastes confirmés, la diversité est au rendez-vous. En cette presque fin d’hiver deux films ont retenu à juste titre l’attention des jurés : « 18 anni dopo » d’Edoardo Leo, et « L’uomo che verrà » de Giorgio Diritti.
Le premier réussit le tour de force d’être drôle et tendre, émouvant et ironique en jouant avec sensibilité sur toute une palette de sentiments. Autres mérites : une peinture du quotidien pleine de justesse, et un récit bien mené. Prometteuse cette première réalisation de Leo.
« L’uomo che verrà » de Diritti est une œuvre forte et subtile dans un village près de Bologne pendant la guerre. Remarquable de maîtrise technique et excellent par sa direction d’acteurs. Giorgio Diritti s’était déjà signalé à Bastia par un superbe film réalisé dans les Alpes italiennes, dont le thème était l’intégration difficile d’un paysan français dans une communauté villageoise piémontaise.
Mais comment ne pas évoquer aussi « Questione di cuore » de Francesca Archibugi, histoire d’amitié entre deux hommes réunis par les hasards de la maladie et magnifiquement interprétée par Antonio Albanese et Kim Rossi Stuart. Ou « La nostra vita » de Daniele Lucchetti, au sujet âpre, prétexte à dénoncer une lutte pour la vie où l’homme est réduit à être un loup pour l’homme. Ou « La solitudine dei numeri primi » de Saverio Costanzo, pour l’audace de son argument et la délicatesse liée à la vigueur de sa mise en scène.
Côté acteurs : couronnement d’Alba Rohrwacher, magnifique par l’amplitude de son jeu, et de Toni Servillo, étonnant dans « Gorbaciof » par son aptitude à marier humour et élans sentimentaux en misant sur une totale économie de mots.
Michèle Acquaviva-Pache