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FELÌ FOR EVER

jeudi 8 décembre 2011, par Journal de la Corse

Feli nous revient. Il nous revient avec un album qui fera plaisir aux amateurs de la chanson pop folk. Son contenu : onze chansons révélant un chanteur qui fait peau neuve. Le titre de cet album : « …A di ti » (1). C’est plus festif qu’à l’accoutumée. Feli reste fidèle à lui même et cependant offre une image nouvelle. Le ton est gai, soutenant l’espoir, la plénitude. Les musiciens qui entourent le chanteur sont Luciano Luisi, aux claviers, Nicolas Zimako, guitare basse, dont le père, Jacques fut le footballeur de légende que nous aimions tant voir déployer son talent dans les rangs du SECB lors d’inoubliables succès. Comptons encore Philippe Pimenoff, batterie, et Loïc Pontieux, percussions. Les chansons interprétées parlent essentiellement de la Corse d’aujourd’hui sur un mode très actuel. Ce n’est pas un inconvénient. Au contraire. Que n’a-t-on chanté la Corse d’autrefois ! Il le fallait. Mais il reste qu’il est grand temps de tourner la page d’un passé qui fut souvent destructeur (cf. « Di qui ») sans pour autant oublier ceux qui construisirent la Corse, même s’il demeure tant à corriger, à inventer, à créer dans le courage et l’honnêteté civique.Mais revenons à Feli et à ses chants. On sait qu’il aime composer. « La composition, note-t-il, c’est l’invention. Mais la passion ne suffisant pas, il faut y travailler, respecter des règles, une technique » C’est l’évidence et même Mozart aurait pu le dire. Mais encore faut-il le répéter quelques fois. Le public, même lorsqu’il n’est pas fermé à la musique, imagine mal combien la syntaxe musicale est complexe et parfois difficile à pratiquer. Les compositions qui composent « A di ti », Feli les a voulues simples et efficaces, fluides et populaires. Mais un peu trop peut être. La voix est agréable, même si elle n’est pas toujours très sûre, frisant dans les temps forts une justesse prise légèrement en défaut et une certaine rupture du style. Cela ne compromet point toutefois l’idéal cher à Feli, fait de sentiments et d’émotions sincères. On prêtera toute l’attention voulue à des pièces telles que « Vurrìa »,évocation légère d’une fille qui se dérobe toujours, « Tempu » exprimant la douleur sensible d’une absence essentielle, « Ùn dite nunda » chanson sur l’adultère, irrésistible et impossible à la fois, « C’eramu noi », le présent illuminé par les meilleurs souvenirs, etc…Loin de la mélancolie le chant de Feli est donc tourné vers la Corse actuelle avec sa part donnée au métissage des cultures , à l’intégration et à la communauté de destin. On pense à cette femme qui danse pieds nus (A pediscalza), évocation sensuelle d’une Corse libérée, autant que faire se peut, de ses ambiguïtés encore trop nombreuses. Feli a mis en cela toute la dignité de sa corsitude. (2)

Vincent Azamberti

(1)Domaine Mavela, www.domaine-mavela.com

(2)Les paroliers sont Feli Travaglin, Patrizia Gattaceca, Ghjuvan’Teramu Rocchi, Ghiacumu Fusina

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