ET GIRAUD LIBÉRA LA CORSE…
Commémoration du 70e anniversaire de la libération de la Corse. Et des journées historiques du 9 septembre au 4 octobre 1943. Le 8 septembre capitulation de l’Italie. Pendant ce temps bataille de Salerne. Le Comité français de libération nationale, autrement dit le gouvernement de la France libre d’Alger partagé entre le général Giraud et le général de Gaulle.
Giraud, général à cinq étoiles est le commandant en chef des troupes françaises. A ce titre il va intervenir d’une façon capitale au cours de cette période. Malgré les avis contraires des alliés comme des Français, sans moyens de transport et sans protection, confiant dans sa « baraka », il va engager sans attendre ses unités disponibles et les diriger vers la victoire de Corse. Le grand public n’est guère informé de ce rôle de Giraud dans la campagne de Corse. Il mérite pourtant d’être connu. Quelques éléments de notre histoire peuvent être tirés à cet effet des mémoires du commandant en chef. Les voici : Le 10 septembre au soir, vers 18h, il reçoit au Palais d’Eté où il s’apprête à dîner, un télégramme du capitaine Paul Colonna d’Istria qu’il a chargé d’organiser la Resistance en Corse. « L’armistice italien est signé. Les Italiens sont prêts à marcher. Nous nous soulevons. » Giraud décide immédiatement d’aider ces gens pleins d’enthousiasme pour se libérer.
D’autant plus qu’il avait promis à Arthur Giovoni, qu’il avait reçu quelques jours auparavant, d’aider les patriotes corses. Il donne des ordres sans perdre un instant : faire embarquer à l’aube sur le Casabianca une compagnie du bataillon de choc qui débarquera à Ajaccio, déjà libéré. C’est l’appel aux armes d’Ajaccio du comité départemental de Libération le 9 septembre. Giraud obtient aussi, non sans peine, la restitution par le commandant anglais des deux croiseurs français « Fantasque » et « Terrible ». Malgré le pessimisme d’Eisenhower il est confiant dans leur capacité de passer indemnes grâce à leur vitesse. Il prévient De Gaulle qui dans la nuit acquiesce, mais se reprend le lendemain au cours d’une réunion orageuse du Comité national de Libération.
Diethelm qui deviendra plus tard ministre de la guerre annonce « un bain de sang. » Le « Fantasque » et le « Terrible » transportent dans un premier voyage les autres compagnies du bataillon de choc et le préfet Luizet. Le 17, le général Martin débarque avec les premiers tirailleurs. Trois jours plus tard, Giraud arrive sans escorte sur le terrain d Campo dell’Oro. Il a volé au ras des flots. En deux jours il tiendra réunion à Ajaccio, Corte, Sartène pour s’assurer de la situation et de la coopération des italiens que le général Magli lui promet à Corte. Puis il fera venir de Bône une escadrille prête à combattre tout avion de bombardement. En 18 jours ces aviateurs abattront 20 avions allemands. Le 4 octobre au matin les goumiers entrent dans Bastia. Le 5 octobre De Gaulle arrive à Ajaccio. Il aurait dit « Giraud m’a volé ma Corse. » Giraud, de son côté, a déclaré « La victoire de la Corse a décidé de mon élimination ». Cette victoire a permis celle des alliés à Salerne,en empêchant pendant un mois une division allemande d’y intervenir en renfort des troupes du Reich. En fin de compte, De Gaulle le politique gagnera la partie sur le militaire Giraud. La Corse était libre. Giraud pourra déclarer : « Le bain de sang s’est limité à 75 tués, partisans compris. »
• Marc’Aureliu Pietrasanta