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Eric Rückstühl Prix Public du festival BD de Longvic, avec « Sampiero Corso »

jeudi 18 avril 2013, par Journal de la Corse

La bande dessinée corse s’exporte bien, et même très bien. Pour preuve, la nouvelle série de Frédéric Bertocchini et d’Eric Rückstühl est coup de Cœur FNAC et a été honoré au récent festival BD de Longvic, en Bourgogne, puisque le dessinateur a remporté le Prix Public. Nous avons rencontré le dessinateur, Eric Rückstühl...

Après « Le Bagne de la Honte », n’est-ce pas trop difficile de revenir à la « Grande » Histoire avec « Sampiero Corso » ?

Oui, c’est difficile de revenir à la « grande Histoire ». On met du temps, tout simplement parce que j’ai eu l’impression de laisser au bord du chemin les jeunes héros de ce bagne, ayant existés dans la vie réelle.

La BD est très documentée, mais la part d’imaginaire semble plus importante que dans la série « Paoli », c’est votre avis ?

Avec mon scénariste, Frédéric Bertocchini, on travaille la mise en scénario et en images de ces séries historiques de façons différentes. Paoli étant un personnage plus austère, l’histoire en BD sera plus didactique, voir pédagogique... Pour Sampiero, le scénario est plus enlevé, style Renaissance. Sampiero a eu une vie tournée vers le métier des armes et de la guerre… L’art de la guerre, décrit par de nombreux tableaux comme ceux d’Uccello ou même les dessins de Léonard de Vinci, nous montre une certaine forme d’idéalisation, voire de mysticisme… Pour « Sampiero », étant friand d’histoire et d’histoire de l’art, j’ai voulu plonger graphiquement dans la représentation de cet univers précédemment décrit, en évoquant aussi toutes les figures mythologiques ornant les lourdes armures… Ensuite, le jeune héros va sur le terrain, être confronté à la brutalité de la réalité de l’action militaire.

Comment expliquez-vous que le public soit aussi friand de BD historique ?

La BD historique nous fait plonger dans nos racines les plus profondes, et aide aussi à redécouvrir un passé qui s’ingénue à vouloir se faire oublier. Ou idéaliser en devenant légende.

Comment travaillez-vous avec Frédéric Bertocchini ? Ses scénarios sont-ils faciles à écrire ? Vous facilite-t-il la tâche ?

Frédéric me propose un scénario précis d’un thème évoqué oralement auparavant. Ensuite, un découpage est écrit, avec tous les dialogues. Dans cette architecture, s’imbriquent 600 textes pour environ 360 images… Je dis « environ », car Frédéric me laisse une liberté totale pour la mise en page et le nombre final d’images par page. C’est, je pense, ce qui fait la dynamique de notre collaboration. On se surprend mutuellement, mais toujours dans l’intérêt de la BD. Mes indications colorées pour notre coloriste Rémy Langlois achèvent le tableau. Rémy a le don inouï de mettre des couleurs qui vont parfaire l’idée qu’en BD, chaque étape est essentielle… Je ne pourrais pas réaliser ce type de récits qui nous décortique au détail près l’histoire corse sans Frédéric.

Contrairement à Paoli, Sampiero est décrit, dans votre bande dessinée, comme un homme vulgaire, sauvage presque. Cela est-il facile à dessiner ?

En fait, Sampiero appartient à une période plus reculée. Au niveau de la bande dessinée, les cadrages sont plus hachés et plus libres que pour la série sur Paoli. Les rondeurs rassurantes de Paoli, et le corps bardé de cicatrices de Sampiero sont traités avec un graphisme approprié… Ce qui est intéressant, c’est de ne pas faire la même chose et de se renouveler à chaque série…

Les BD comme « Paoli » ou « Sampiero Corso » s’exportent-elles aussi sur le continent ? Quel est l’accueil de ces BD de l’autre coté de la mer ?

Le week-end dernier, j’ai obtenu le Prix du Public, après un vote des lecteurs, au festival BD de Longvic en Côte d’Or. Je crois que c’est la réponse la plus appropriée à votre question. D’autant plus que je dédicaçais « Le bagne de la Honte » et « Sampiero Corso ». De plus, « Sampiero Corso » est également coup de cœur des libraires FNAC. Autant dire que l’accueil sur le continent est très bon, voire excellent. Nous dédicaçons régulièrement nos albums dans toute la France, mais aussi en Belgique et en Suisse.

La fresque historique que vous consacrez à la Corse, en solo ou avec Frédéric Bertocchini, prend une grande consistance. Vous êtes-vous fixé des limite, ou bien allez-vous continuer à explorer d’autres périodes ou personnages de la Corse ?

Oui, avec Frédéric, le plaisir de découvrir d’autres facettes de l’histoire corse est toujours aussi présent. Nous allons tout d’abord terminer notre série sur Sampiero Corso, puis nous nous attaquerons alors à notre 4ème série. D’ailleurs, cette dernière sera l’occasion d’inaugurer une nouvelle collection chez DCL éditions. Il sera alors question de bandits et de mœurs villageoises du début du 19ème siècle.

E. C.

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