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Eric Rückstühl : « J’aime parcourir le maquis corse, un crayon à la main... »

jeudi 19 janvier 2012, par Journal de la Corse

Originaire de Dijon, mais marié à une Corse, Eric Rückstühl nous raconte la Corse depuis de nombreuses années à présent. Après Corsu, la trilogie sur Pasquale Paoli, le dessinateur nous raconte à présent l’histoire des enfants du bagne de Castellucciu, sous Napoléon III, en bande dessinée. Avec Le Bagne de la Honte, sur un scénario de Frédéric Bertocchini, Eric Rückstühl met en scène des enfants embastillés, contraints aux travaux forcés, aux portes d’Ajaccio. Une histoire vraie et particulièrement dramatique. Le tome 2 vient de paraître, ainsi qu’une édition intégrale que l’on peut trouver dans un coffret. Nous avons rencontré le dessinateur. Il nous parle de sa série et de ses futurs projets.

Eric Rückstühl, Le Bagne de la Honte 2, Francesca, vient de paraître, vous vous attendiez à un tel succès ?

Lorsque je travaille sur un scénario, je ressens instinctivement, et très rapidement, si le binôme scénariste/dessinateur va fonctionner. On ne peut pas passer un an, jour après jour, à dessiner sur un album, si le scénario est insipide... Et avec Frédéric (Bertocchini), cela fonctionne ! Le coloriste Rémy Langlois ayant de son coté parfaitement respecté à la fois l’histoire et le dessin, je pense que c’était plutôt bien engagé. Maintenant, nous sommes quand même dans le domaine artistique, nous ne sommes jamais sûrs de rien...

Est-il difficile de dessiner une bande dessinée aussi dramatique ? S’agit-il d’une BD historique ?

Il s’agit d’une histoire très forte, dont il faut l’avouer, j’ai eu du mal à me détacher. Il faut savoir qu’une bd de ce type demande au minimum deux ans de préparation et de réalisation. Cela représente en tout 360 images, pour 660 textes. René Santoni, avait mené une enquête chiffrée et documentée sur ce bagne. Frédéric Bertocchini en a tiré un scénario original et percutant. Il s’agit donc bien d’une BD historique, avec des personnages réels pour la plupart mais, le suivi psychologique d’un héros comme Joachim Evain, enfant témoin de la dureté de son époque, nous fait entrer de plein pied dans un autre style d’histoire. De ce fait, il s’agit aussi d’une BD dramatique, ce qui n’était pas le cas de notre trilogie sur Paoli, où seul le coté historique a été mis en avant.

Cette histoire est vraie, tragique. Mais on se rend compte qu’elle plaît aussi aux enfants, qu’aux adultes. Cela vous surprend ?

Oui, car même si l’ensemble est traité avec pudeur, aucun détail n’est édulcoré et ma surprise a été de voir que les enfants appréciaient cet album. Beaucoup de choses sont suggérées, avec finalement plusieurs degrés de compréhension.

Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire, après vos séries Corsu et Paoli ?

J’aime changer d’univers et être surpris et Frédéric me le rend bien (rires).

Vous racontez l’histoire de la Corse en BD depuis de nombreuses années, vous vous sentez toujours autant inspiré ?

Oui, j’ai commencé en 1993 avec Le Secret de la Restonica chez Albiana, puis chez mon éditeur actuel, DCL éditions, avec ma série Corsu. Il faut bien l’avouer, j’ai toujours autant de plaisir à parcourir le maquis un crayon à la main et il me reste encore des histoires inédites, sur la Corse, à raconter...

Quels sont vos projets à courts et moyens termes ?

Tout d’abord, un diptyque sur la vie de Sampiero Corso, que je suis en train de dessiner. Puis un autre projet historique avec Frédéric Bertocchini… Toujours chez DCL éditions. Une histoire qui se déroulera en Corse dans les années 1910. Avec Frédéric, nous avons envie à présent de raconter une Corse moins lointaine. D’autant que, on le sait, la Corse a été très touchée et meurtrie par la Grande Guerre. Enfin, je prépare un autre Jules Verne dans la collection « Les mondes extraordinaires ».

E.C.

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