« How Low Cost » c’est un collectif de jeunes en colères ?
On peut dire ça … Parce qu’on a l’impression que la société n’évolue pas dans un sens positif au bien être général.
En colère mais peut-être aussi désabusés ? Ou je-m’en-foutistes ? Ou iconoclastes ?
Désabusés je ne pense pas ! Ironiques, oui. Car l’ironie est une arme forte pour faire passer un message. Quant au je-m-en-foutisme si cela était on ne ferait pas ce qu’on fait, on resterait sur la plage. Iconoclastes, je n’aime pas ce terme … ce qui est sûr c’est qu’on n’a pas envie d’être forcément dans le divertissement.
Vous considérez-vous d’abord comme un plasticien ou comme un communiquant ?
D’abord comme un communiquant puisque mon but est de véhiculer un message qu’on comprenne sur le champ ce qui n’est pas l’objectif immédiat d’une œuvre artistique. Moi, je souhaite qu’on capte immédiatement mon travail. Si je suis entré aux Beaux Arts c’est par passion du dessin de presse. Mes travaux ont l’actualité pour matière première ?
Vos références en ce domaine ?
« Harakiri » que j’ai découvert en lisant « Fluide glacial » qui faisait appel aux dessinateurs de ce magazine ne paraissant plus. Ce qui me plait, ce qui m’attire dans « Harakiri » c’est l’art du détournement. Cette façon de pratiquer la pub en la critiquant.
Peut-on affirmer que vous avez la fibre sociale très développée ? Et pourquoi cette sensibilité ?
Être graphiste est un métier social. Qu’on communique par affiches sur les murs des rues ou par journaux dans des kiosques on est aux regards des passants. Si on n’aime pas les gens on ne peut pas faire ce genre de boulot. En tous cas je ne veux pas dévaloriser ceux qui voient mon travail. C’est pourquoi le fond prime l’esthétique pour moi, d’où des partis pris simples, mais plus subtiles qu’il n’y parait.
Qu’est-ce qui vous fait hurler dans la société où nous vivons ?
La politique et les comportements humains comme la bêtise, l’avidité, la manipulation. Je n’ai pas le rejet de la politique, mais je crois à la critique nécessaire des gens qui emporte l’adhésion parce qu’ils ouvrent leurs gueules plus grandes que les autres. Est-ce un raison pour leur confier le pouvoir ?... La mauvaise foi me fait également hurler … de rire. Je regrette qu’il n’y ait plus d’idées en politique et qu’il ne reste que de la com ! ... De la part d’un communiquant la remarque est sans doute détonnante.
Le rire c’est quoi pour vous ?
Une force désespérée pour retourner des choses intolérables.
Avec le poster « Make your penis bigger » vous auriez pu sombrer dans la vulgarité ?
Pour éviter ce piège on l’a présenté au public le jour de la Saint Valentin ! On voulait dénoncer la misère sexuelle et comment certains en usent auprès d’individus fragiles.
D’un public en tant que collectif artistique, d’une clientèle en tant que groupe de graphistes quelle attitude attendez-vous ?
Que les gens viennent à nous pour ce qu’on fait plutôt que pour ce qu’ils veulent qu’on fasse. Nous, on cherche à les surprendre, pas à leur servir des recettes standard.
Propos recueillis par M.A-P