L’histoire de la chanson moderne occidentale, nous rappelle l’Encyclopédie de la musique (1), se déroule entre la fin du XVIIIe siècle et les deux premières décennies du siècle dernier, c’est-à-dire jusqu’à l’avènement des retransmissions radiophoniques. Celles ci provoquèrent un tournant dans l’évolution de ce genre et continuèrent de manière décisive au développement de la chanson actuelle. Il n’est exagéré d’écrire que la patrie de la chanson moderne est la France. C’est en France en effet que la vivacité de la satire politique suscita, dès la fin du XVIIe, une production accrue de chansonnettes et d’épigrammes ; production qui ne s’était jamais interrompue depuis la fin du Moyen âge, mais qui, à partir de la fin du XVIIIe, connut une vogue particulière. On pourrait citer l’apparition, en 1770, du café-concert, l’action à la même époque de la Muse populaire commentant les événements de l’actualité, l’impulsion donnée par la Révolution de 1789, le Théâtre de vaudeville, la chanson « canaille », le rôle d’un Aristide Bruant, celui d’un Mayol, etc… En l’occurrence, on prêtera attention à l’existence, sur le marché du disque, d’un coffret de deux CD, intitulé « Les grandes dames de la chanson française » et renfermant respectivement 25 chansons interprétées par les artistes du genre les plus connues, dont certaines chantent encore, et 25 autres pièces constituant le contenu du CD2. (2) On ne sautait les citer toutes. Voici toutefois quelques noms : Edith Piaf, Barbara, Dalida, Caura Vaucaire, Catherine Sauvage, Juliette Greco, etc…Ce coffret suscite l’émotion. Les raisons en sont évidentes et multiples. Ces chansons ont fait et font encore partie de nos existences. Il s’agit par ailleurs d’artistes confirmées et le programme est, pour l’essentiel, de qualité. Voilà l’occasion de se souvenir qu’entre la poésie et la musique, il y a des noces éternelles. Au debut du siècle dernier, Klee et Kadinsky avaient légitimé leurs orientations picturales à partir du pouvoir de la musique. Certes il s’agit là de références implicites à la musique classique, mais la chanson n’est pas un art mineur. Faut il redire ici qu’il n’y a pas deux musiques, la grande et la petite, mais seulement la bonne et la mauvaise. Un Jacques Brel a écrit des chansons dignes des meilleurs classiques. Réécoutez donc « La Fanette ». On pense à Gabriel Fauré. Et l’on outrage rien ni personne en écrivant de tels propos. Même et surtout pas le génie de Fauré.
Vincent Azamberti
(1) Garzanti Editore.(1995)
(2) Wagram Music 2010 No 3211872