« D’abord il y a un nom, un nom compliqué, les gens ont du mal à le prononcer, à l’écrire »… Drimaraki, découvert sur le fronton d’un tombeau près de Cargèse. Un nom méditerranéen, entre Corse et Grèce, ayant transité par l’Italie, entre rêve et réalité, magie et poésie. L’auteur entraine le lecteur sur les pas de son ancêtre, comme une enquête sur la mémoire.
Sur les pas d’un poète
Venir passer ses étés en Corse, c’est une tradition, un plaisir d’enfance, y revenir et y grandir, s’y ancrer. Le tombeau des ancêtres, « émouvant et intimidant », découvert lors du deuxième séjour à Cargèse de la famille est comme un mystère dont les racines remontent jusqu’en Laconie. Drimaraki se mêle avec un autre patronyme, Servò. Drimaraki- Servò… Auteur d’un poème que l’auteur avait oublié « À Cargèse ». Un lieu qui est le cadre onirique de ces « devoirs de mémoire », comme une carte postale vivante. Remonter le fil des souvenirs au fur et à mesure des recherches, sans jouer à cache-cache avec les lecteurs, dans un style épuré, simple et léger, sans que cela soit également un étalage intime et impudique, avec des soupçons de nostalgie.
Entre histoire et réel
Les énigmes ne cessent de venir parsemer la quête de l’auteur sur l’histoire de son ancêtre, qu’elle reconstitue avec des archives, mêlant aussi bien le réel que les rêves et les reconstitutions romancées. Ce récit est véritablement une anamnèse, « souvenir » en grec, c’est-à-dire le récit des antécédents. Remonter le fil du temps, même si « on ne peut hélas refaire l’histoire », une histoire qui ne quitte pas l’auteur tout au long de son enquête pour reconstituer les « lambeaux d’histoire familiale effacée » et partir aussi sur les traces d’un « Agrégé » qui avait bien obtenu son agrégation de grammaire en 1881. Une première pièce à l’édification de la mémoire, pour combler les lézardes faite par le temps.
Myriam Mattei
Annie Drimaracci, Première pierre, Colonna édition, 129 pages, 13 €