S’il est surtout connu comme celui qui fut avocat et bâtonnier à Marseille, Sixte Ugolini est aussi reconnu comme un Corse très investi pour sa terre natale, où il poursuit ses nombreuses activités associatives et littéraires, du côté de la plume. Et il n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il s’est beaucoup inspiré de son passé pénaliste au barreau pour publier des ouvrages sur ce thème et faire découvrir l’envers du décor de la justice. Mais il est aussi un passionné de la langue corse, qu’il défend et étudie. Aujourd’hui, après « Macàgne e detti di i paesi corsi », Sixte Ugolini décortique les dictons qui mettent en scène les femmes, révélant ainsi leur position dans une société d’alors loin d’être égalitaire.
Travail de mémoire
Sixte Ugolini a enlevé sa robe d’avocat, mais n’en continue pas moins de plaider, cette fois-ci en faveur, et avec quasi ferveur, de la langue corse, toujours vivante et vivace. Comme il l’avait déjà fait dans son précédent ouvrage spécial dictons, l’auteur recommence l’exercice, en changeant de sujet. Il avait d’abord recensé les dictons qui caractérisaient les villages insulaires. A présent, le travail porte sur les proverbes dont le sujet est les femmes. Même rigueur et sérieux pour cette compilation de dictons éclairée par les explications de l’auteur et son indéfectible humour, qui présente cette collection d’adages comme un travail de mémoire, le proverbe étant une sorte « d’image populaire » d’une forme de pensée de l’époque où il est apparu.
I detti
Le dicton n’est donc pas une vérité, mais une opinion toute faite véhiculée par le plus grand nombre, qui fait office de sentence et ne souffre pas la contradiction. C’est une phrase généralement peu élogieuse, généralement critique, voire acerbe. Donni e malanni, ùn mancanu mai. La femme a tous les défauts… A travers cette compilation de proverbes sur les femmes, c’est donc une photographie de l’image et l’opinion sur ce sexe dit faible qui est donnée, dans un contexte de société machiste, très loin de la volonté paritaire actuelle, prouvant que le combat n’est pas fini. Sixte Ugolini a donc classé ces proverbes aux différents âges de la vie, de l’enfance à l’âge adulte, avec l’étape de la femme mariée et de la maternité, sans oublier les régionalismes et les réputations de femme selon les villages. Ainsi, en Tavagna et à Cargèse, il ne fait pas bon se marier, et à Venaco, la femme ne vaut-elle pas grand chose. Des dictons qui en disent long sur la place de la femme à cette époque.
Myriam Mattei
Sixte Ugolini, A donna hé a donna ! L’image de la femme corse à travers les proverbes, éditions Alain Piazzola, 100 pages, 15 €