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DEUX HOMMES ILLUSTRES

jeudi 10 mai 2012, par Journal de la Corse

Crise économique et financière. Crise de l’Etat et de sa dette publique. Commentaires et analyses font l’actualité. Evocation parfois de la grande crise de l’entre-deux-guerres mondiales. Un tel rappel fait resurgir en Corse les figures de deux hommes remarqués par leur talent. Economistes, financiers, essayistes Adolphe Landry et François Pietri furent tous deux en même temps des hommes politiques, parlementaires ou ministres quasiment de 1920 à 1940.

Adolphe Landry avait reçu une formation littéraire et philosophique à l’Ecole normale supérieure. Docteur en droit, il occupa la chaire de l’histoire des faits et doctrines économiques à l’Ecole pratique des hautes études. Il publia un « Manuel d’économie » ainsi que divers ouvrages traitant du même sujet : « L’utilité sociale de la propriété individuelle », « L’intérêt du capital », ou bien de droit : « La responsabilité pénale » ou de philosophie : « Principe de morale rationnelle ». Il est surtout connu aujourd’hui comme démographe. Auteur de « La révolution démographique de 1934 » il fut de la sorte un pionnier de la démographie. Il condensa sa doctrine dans un « Traité de démographie » en 1945. Alfred Sauvy figure parmi ses disciples. Landry fut aussi promoteur des allocations familiales et du code de la famille. Il avait été ministre du Travail et de la Prévoyance sociale en 1931. Il intervint aussi sur la création d’un fonds de chômage de même que sur la question de la main d’œuvre étrangère. Président du groupe de l’union radicale et radical-socialiste il siégeait au centre gauche. Sa conception économique, en bon disciple d’Adam Smith, restait favorable à un libre échange corrigé et maîtrisé par les interventions de l’Etat.

Au nom de l’Etat

Occupant le centre droit sous l’étiquette de Républicain de gauche, François Pietri était, lui aussi, un étatiste. Il le manifesta en tant que ministre du Budget, puis ministre des Finances devant la chambre des députés et le Sénat. Face à un déficit énorme pour l’époque, le plus élevé depuis 50 ans et en présence d’une crise économique intense, il déclara : « Ce qui importe en somme c’est de défendre la notion de l’Etat. Les gouvernements et les législatures changent et passent. Il faut, autour de l’Etat qui reste, grouper les efforts de tous ceux qui estiment avec moi qu’une bonne santé budgétaire est la première condition de sa force. » Tout en reconnaissant que « notre système fiscal est d’une complication extrême », il voulait « simplifier sans dégrever et appliquer mieux sans charger davantage. » Il tenait néanmoins à « apporter aux contribuables modestes ou chargés de famille d’importants allègements ». Juriste et historien il est l’auteur d’une œuvre abondante et intéressante encore aujourd’hui comme celle de Landry. Citons au chapitre économie et finances : « L’antagonisme du Nord et du Sud de l’Italie », « La querelle du franc », « Justice et injustice fiscale » de l’histoire : « La réforme de l’Etat au XVIIIe siècle », « Lucien Bonaparte », « Napoléon et le Parlement », « L’Espagne du siècle d’or », « L’Espagne de Victor Hugo », « Napoléon et les Israélites », « La France et la mer » et bien d’autres livres encore. François Pietri était sartenais, Adolphe Landry calvais. L’équilibre géo-politique de la Corse a été sauvegardé.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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