Réunis par la passion de l’écriture, Gabriel Roth et Michèle Acquaviva-Pache livrent un récit écrit entre la Corse et Israël, donnant leur vision d’une époque, les années 70, et d’un pays, le Bénin alors appelé Dahomey. Deux itinéraires personnels et professionnels pour un texte à quatre mains, pour une vision de l’Afrique loin des clichés habituels.
Souvenirs croisés
Les deux auteurs ont tous les deux connus le Bénin, y ont vécu des expériences différentes, croisant vie privée et vie professionnelle. Les deux auteurs n’ont ni une proximité de statut social, ni parcours similaires, et encore moins les mêmes origines. Autre différence : le couple de Gabriel Roth se consolide, celui de Michèle Acquaviva-Pache se défait. Ces parcours aux allures si parallèles, dont le point commun est l’écriture, le journalisme – « écrire est peut-être la plus dangereuse des spéléologies et la plume la plus longue des cordes » –, et d’avoir connu le Bénin dans les années 70, a donné cette collection de souvenirs, comme des flash back autour de la création d’un quotidien, qui sont comme un dialogue, une longue itinérance entre deux collègues devenus amis, où transparaît beaucoup de tendresse et de la complicité.
Cotonou, années 70
Fin des années 60, à Cotonou, Gabriel Roth et Michèle Acquaviva-Pache se rencontrent. L’un vient d’Israël, l’autre de Paris. Il lance le premier quotidien du Bénin, elle rejoint cette équipe. Ils ont travaillé ensemble dans ce journal, à Cotonou, « la censure s’épuisa à nous suivre dans notre fièvre de perfection langagière », et décortiquent chacun à leur manière les éléments de contexte qui fondaient leur quotidien de cette époque si pleine d’énergie et de dynamisme, politiquement compliquée également compte tenu de l’ultra-domination de la France entre autres, ce qui créait des tensions personnelles, quasi inévitables selon Michèle. Comme dans la vraie vie, l’aspect personnel est inextricablement lié au métier et vice versa. « Les événements se tramaient, se dénouaient, se tricotaient, se démaillaient dans l’ombre, embués d’un curieux d’imprévisibilité ».
Myriam Mattei
Michèle Acquaviva-Pache et Gabriel Roth, Tropiques 70 - Cotonou. « La Gerbe d’Or » et autres « madeleines », édition L’Harmattan, 192 pages, 18 €