Après leur adaptation en bd très réussie d’un roman d’Agatha Christie, « Les 5 Petits Cochons », le duo O’Griafa et Charrier récidive, toujours aux Editions Emmanuel Proust, mais cette fois dans la prestigieuse collection « Atmosphères » avec un diptyque noir rétro, « Le Baiser de l’Orchidée ». A l’occasion de la promotion du tome 1, « Apadana », nous avons rencontré Miceal O’Griafa, scénariste irlandais amoureux de la Corse qui va publier prochainement plusieurs histoires consacrées à sa « deuxième île de cœur ».
Miceal O’Griafa, après le succès des « 5 Petits Cochons » pourquoi ne pas avoir adapté une nouvelle aventure d’Hercule Poirot ?
Je dois bientôt renouer avec Poirot, mais cette fois avec Michel Espinosa au dessin, car, même si nous n’excluons pas, David et moi, de nous attaquer un jour à « Rendez-vous avec la Mort », je voulais, pour notre seconde collaboration, écrire un récit original qui laisserait plus de liberté et d’espace au trait de David. L’adaptation est un exercice de style passionnant mais très contraignant, pour le scénariste comme pour le dessinateur, et nous voulions également savoir si nous pouvions renouer avec le succès sans, cette fois, la caution de la Reine du Crime.
Vous restez dans le polar avec « le Baiser de l’Orchidée » ?
Oui, le genre me passionne. J’ai eu le privilège de dédicacer récemment aux côtés de Jean-Pierre Orsi, romancier de talent et organisateur de Corsicapolar, le Festival du Polar Corse et Méditerranéen. Nous étions d’accord pour souligner la diversité et la richesse souvent sous-estimées du polar. Je suis personnellement plus attiré par le roman noir américain que par le mystère en chambre close à l’Anglaise, et le « Baiser » est un hommage aux Séries Noires que j’ai découvertes en arrivant en France à l’âge de 10 ans, et notamment aux romans de James Hadley Chase, comme le mythique « 12 balles dans la peau ». L’action du « Baiser » se situe dans les années 50 en Floride, où David et moi nous sommes amusés à convoquer toutes les grandes figures du genre : flics incorruptibles, privés durs à cuire, nababs mégalomanes, monte-en-l’air audacieux et femmes fatales, tout en nous efforçant d’apporter notre griffe personnelle avec l’histoire de trois orphelins, amis d’enfance qui s’étaient perdus de vue, et qu’une série de meurtres ritualisés va réunir des années plus tard.
Vous avez épousé une Corse et passez chez nous quasiment un tiers de l’année. Vous avez donc tout naturellement écrit sur notre île ?
Absolument. Comme le dit la chanson « Surella d’Irlanda », nos 2 îles revendiquent des Histoires politiques et culturelles très similaires. La trilogie « Libera Me », dont le Tome 1 paraîtra en juin 2012 chez DCL, est un thriller sur fond historique que j’ai coécrit avec Frédéric Bertocchini, l’excellent scénariste de la série « Paoli » et « Le Bagne de la Honte » qui vient de paraître. Elle raconte sur 30 ans, de 1981 à 2011, les destins croisés d’un Irlandais qui rejoint le FLNC et d’un Corse qui s’engage dans l’IRA. Dessinée par Michel Espinosa et mise en couleurs par Pascal Nino, cette fiction vise à divertir mais évoque aussi avec respect et lucidité les destins de ceux et celles qui, de part et d’autre, ont tout sacrifié à leur cause. Autre projet à venir, 2 histoires courtes et fantastiques, se déroulant en Corse. Ces deux récits, « Barbara Furtuna », dessiné par Ivan Gomez Montero, et « Valle Mala » dessiné par Alexeï feront partie du collectif « Histoires Corses » si la publication du tome 2 est confirmée. A en juger par le succès du tome 1, je ne suis pas inquiet…
Miceal O’Griafa sera en dédicace à Ajaccio le 12 août à la « Librairie des Palmiers », avec Frédéric Bertocchini et Eric Rückstuhl (« Paoli », « Le Bagne de la Honte ») et le 19 août à « De Plume en Bulles » aux côtés d’Olivier Taduc.
E.C