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DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE

vendredi 15 juillet 2011, par Journal de la Corse

Début d’été à Piana. Resplendissant des couleurs sublimes de la terre, de la mer et du ciel. Aux couleurs également du temps de l’homme et de l’histoire, comme les vieux murs de ce fortin visité par un petit groupe. Dernière acquisition, promise à la restauration, par le Conservatoire du Littoral. Les visiteurs viennent de se réunir en Conseil des Rivages, sous la présidence de Nicolas Alfonsi qui poursuit inlassablement l’œuvre entreprise par le Conservatoire sous son égide. Réunion de gens de compétence et de conviction comme François Alfonsi, maire d’Osani, Aline Castellani, maire de Piana, Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio et administrateur national du Conservatoire, Yves Concolbet, directeur national du Conservatoire, Guy Frisoni, directeur de l’Office de l’Environnement et le sous-préfet de Sartène. Et le…….. du fort n’est qu’un joyau de la magnifique corolle des rivages corses dont certains ont été évoqués dans les projets de cette réunion : la tour génoise de Turghju, la plage de Capo Rosso, les étangs de Santa Giulia et de Biguglia, le goulet de Basanga, la baie de la Tonnara, l’Arbitru, les falaises et les Bouches de Bonifacio, le phare de la Chiappa. Tout cela à mettre au compte des efforts et des réussites de l’institution conservatrice : 140 000 hectares sous son empire, soit 11% du littoral français. Une proche extension de 500 hectares vient d’être décidée. Jean-Charles Orsucci a eu raison d’insister sur la nécessité urgente d’aménager l’accès aux plages et au rivage. Bref, un beau tableau aux touches de la beauté, de l’environnement et de la politique, la vraie, celle qu’on aime. Une action positive de la protection collective du foncier. Cette préservation du territoire s’ajoute aux parcs régionaux et aux réalisations de montagne chers au président François Giacobbi. En tout, un quadrillage bénéfique de la Corse naturelle et sauvage avec sa flore, sa faune et sa civilisation antique et populaire. La conservation collective du territoire n’est pas une idée neuve. Elle ne provient pas non plus d’un mythique communisme historique dit de la « Terre du Commun ». Elle est plus simplement la Terre de la Commune, c’est-à-dire de la commune de Gênes « Terra del Comune ». Un legs de Gêne à la France. La plupart de ces terrains n’avaient pas fait l’objet d’appropriation individuelle. Jadis, les bords de mer étaient devenus inhospitaliers. Certains de ces terrains, lorsqu’ils se furent transformés en propriété individuelle, donnèrent lieu à un détournement de droit révélateur. Le Code Napoléon avait institué le partage égalitaire des successions. Dés lors, les maquis sans valeur de la côte ou de la plaine furent attribués aux héritières. On ne voulait pas que les femmes, par le mariage, puissent transmettre à des étrangers à la famille des richesses réelles, et l’affaiblir de la sorte. On mesure à quel point, au cours du 19e siècle, et une partie du 20e, l’ancien droit corse était demeuré patriarcal et féodal. Le lien de droit et e lien de sang ne faisaient qu’un pour le clan insulaire au vrai sans du mot. Ce lien du sang était celui du lignage pour le droit féodal, qui reposait entièrement sur lui. Il n’est pas sans intérêt de relever comment le grand corse qu’était Napoléon, romanisé et latinisé par son éducation classique ait conçu, en dehors de toute influence de race, son programme de réorganisation civile par on code, frappé à l’effigie de Rome et de César et néanmoins moderne. Il n’est pas étonnant non plus de noter combien cette idée de protéger le patrimoine terrien du sang, de toute transmission à l’étranger témoigne encore aujourd’hui de cet attachement des Corses à un archaïque droit féodal.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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