L’ancien préfet Philippe Massoni, figure du renseignement et de la droite policière, dévoile une partie de ses secrets, qui trouvent écho dans l’actualité tant les affaires ponctuent les Unes des médias. Sans être des scoops, ni des révélations dévastatrices, et encore moins une confirmation de la théorie du complot, ces « histoires secrètes de la République » sont une porte ouverte sur les relations que le pouvoir politique entretient avec ses agents. Assurément instructif. Un document qui éclaire plus de cinquante ans d’histoire de la République.
Secrets d’État
La culture du secret a toujours entouré le pouvoir. C’est ce qui se confirme à la lecture de ces anecdotes autour de l’exercice du pouvoir. Pourtant, si le titre est accrocheur, il ne faut pas s’attendre au grand déballage. Les renseignements généraux gardent une part de leur mystère. Cet ancien des RG, s’il livre des anecdotes passionnantes et montre une partie de l’influence des réseaux, ne tombe pas tous les masques, ni ne livre tous les secrets de cette antichambre du pouvoir. Le lecteur pourra avoir un nouvel éclairage sur quelques affaires, comme la lutte contre le terrorisme après les attentats de 1995, la mort de lady Di et celle de François Grossouvre, la maison centrale de Clairvaux dans l’Aube, les dessous de l’arrestation des tueurs d’action directe, la guerre des polices, et même les conflits avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.
Homme de l’ombre
L’ex-maître des RG et de la police parisienne ne fait plus silence sur son appartenance à la franc-maçonnerie, y étant au grade le plus élevé de la Grande Loge de France, même s’il précise qu’il « n’en a tiré ni avancement, ni ralentissement dans sa carrière ». Une carrière sur laquelle il revient, sur son enfance corse en Indochine également, sa période comme officier en Algérie, et son entrée dans la police au sein des renseignements généraux, avant de devenir préfet de police. Il choisit de placer le lecteur comme spectateur des événements, restant le narrateur, mais aussi celui qui livre ses réflexions, ses doutes, ses satisfactions, ses errements, toujours avec beaucoup d’humour. Un peu comme un polar, à cette différence près qu’aucune affaire n’est résolue, qu’on n’est pas sur la trace d’un tueur, mais comme le journal presque intime d’un policier mis à la retraite.
Myriam Mattei
Philippe Massoni, Histoires secrètes de la République, éditions de La Martinière, 288 pages, 19,50 €