Regard télévisuel insulaire de ces 50 dernières années
« Corse et Télévision », ouvrage paru le 17 juillet dernier, a été dédicacé, le 2 août par l’auteur, Lisa d’Orazio, aux éditions Piazzola. Docteur en Histoire, cette dernière a puisé dans la thèse qu’elle a soutenue en 2009, l’essentiel d’un ouvrage qui retrace, avec minutie, la Corse télévisuelle de 1955 à 2007…
Chez les d’Orazio, famille renommée dans la cité impériale, la Corse reste viscéralement ancrée. Les pêcheurs, Xavier et Pierre Marie, sont bien connus du côté du vieux port. Petru, enseignant au lycée Fesch d’Ajaccio, fut, lui, un acteur du riacquistu. Logique, de ce fait, qu’il ait « transmis » sa fibre à ses enfants. Tumasgiu est, actuellement adjoint (le plus jeune) délégué à la langue corse à la mairie. Quant à sa sœur, Lisa, qui écrit dans nos colonnes depuis plus d’un an, elle a, elle aussi « hérité » du « stintu nustrale ». Passionnée d’histoire (logique avec un père qui enseigne la matière), elle a décroché, en 2009, un doctorat. Mais c’est le contexte télévisuel qui a suscité, chez elle, de vives interrogations, et plus particulièrement « La Corse et le petit écran ». Elle soutiendra, du reste, une thèse (la même année) sur ce thème. Trois ans plus tard, la nécessité d’ouvrir le fruit de ses recherches au grand public s’est imposée. Ainsi, le 17 juillet dernier, un ouvrage « Corse et Télévision » est paru aux éditions Piazzola. L’auteur l’a dédicacé, quinze jours plus tard.
Science de l’information et histoire proprement dite
Ce livre-qui est plus une sorte d’étude- porte sur plus de cinquante années d’histoire de la télévision en Corse, des pionniers, en 1955 à la création de Via Stella, en 2007. Une histoire semée de bien des péripéties, qui passera, de ses premiers balbutiements, dans les années cinquante, aux périodes de censure des époques gaulliste et giscardienne, puis à une ère nouvelle, à compter de 1981. « Jusqu’à cette date, rappelle Lisa d’Orazio, l’image de la Corse était erronée. Elle ne reflétait pas la réalité de l’île. La Corse avait droit à une ou deux minutes d’antenne incluses dans le Journal de Provence-Côte d’Azur. Le premier studio, à Ajaccio, en 1982, a marqué l’avènement d’une ère nouvelle pour la télévision régionale. C’est toute cette histoire, à la fois de la TV en Corse, et de l’île toute entière, qui est retracée dans l’ouvrage. Il est issu, en grande partie, de la thèse que j’ai soutenue en 2009 mais c’est un ouvrage destiné au grand public, à mi-chemin entre la science de l’information et de la communication, et l’histoire proprement dite. »
50 ans d’histoire
En effet, les grandes dates et les faits marquants qui ont jalonné l’histoire de la télévision régionale, de la première émission « Corsica sera », à nos jours. C’est aussi, d’une manière plus générale, l’histoire des médias insulaire, avec la création d’Alta Frequenza, en 1981, puis celle de RCFM, trois ans plus tard. À travers ces récits, des personnalités vont se distinguer Michel Moretti, Jacques Bastianesi, Bernard Dilasser, Jean-Marc Leccia, Sampiero Sanguinetti (qui signe la préface de « Corse et Télévision »). Pour, in fine, donner naissance, aujourd’hui, à des émissions entièrement « in lingua nustrale ». Un sacré pari réussi par Lisa d’Orazio, qui, malgré son jeune âge, est parvenue, avec le concours de ses parents-et de nombreux enseignants et amis qu’elle ne manque pas de mentionner- à retracer parfaitement, dans son ouvrage, ce demi-siècle d’histoire télévisuelle. À travers ce livre, c’est l’histoire de Corse des cinquante dernières années, qui est proposée au lecteur. Et sûrement les plus mouvementées, ce qui rehausse, un peu plus, le travail effectué par Lisa d’Orazio.
Ph.P.
Corse et Télévision, Lisa d’Orazio, éditions Alain Piazzola 192 pages, 15 euros