« Rêves » d’Ivan Viripaev du 20 au 30 janvier
La compagnie « Théâtre Alibi » présente en ce début d’année une œuvre d’un jeune et fort célèbre dramaturge russe, Ivan Viripaev. La pièce choisie par la troupe bastiaise codirigée par François Bergoin, « Les Rêves », est le premier texte qui a fait connaître et reconnaître son auteur en 2000.
Ils sont cinq à dire leurs rêves sur scène. Cinq toxicos embarqués dans des fantasmes embués de drogues. Cinq à s’interroger sur la Beauté, la Libération, l’Amour, Dieu, le Nirvana, l’Enfer. Cinq à être prisonniers d’une terrible dépendance. Sur les planches pas de seringue, pas de garrot, pas de poudre. Rien de cela. Rien de prosaïque ou d’hyperréaliste. Rien. Sinon des « allers-retours chorégraphiés entre euphorie et manque. Entre humour et solitude glacée », précise F. Bergoin, metteur en scène et scénographe. Accent tonique sur la poésie du mot. Volonté de laisser deviner plutôt que dévoiler. Rôles privilégiés accordés à la lumière et à la musique qui autant que la parole suggère la mort en embuscade. De Viripaev on a pu voir, à Bastia, « Oxygène » dans une mise en scène de Galin Stoev. L’œuvre par son ton, son originalité avait séduit les responsables d’Alibi. Lisant les pièces du dramaturge originaire de Sibérie ils ont été interpellés par « Les Rêves » un texte tout de difficulté et de folie, et qui en outre n’avait jamais été monté dans l’hexagone, ce qui représente un indiscutable challenge pour la troupe de la rue Notre Dame de Lourdes. Dans le parcours artistique encore court mais déjà très plein d’Ivan Viripaev « Les Rêves » tient une place particulière. A l’origine c’est une commande d’un Rotary Club d’Irkoutsk, ville natale de l’auteur. Mais le résultat fut jugé si déplaisant et inconvenant par les commanditaires que le dramaturge n’eut plus qu’à plier bagages, direction Moscou. Là, l’attendait le succès. En 2000 « Les Rêves » est créé au 1er Festival de Théâtre Documentaire. En 2001 Viripaev peut fonder sa propre compagnie. Aujourd’hui son audience s’étend de l’Allemagne à la Pologne, aux États Unis et au Canada. Sa dernière œuvre, « Danse « Dehli » doit être donnée en mai prochain au théâtre parisien de « La Colline », c’est dire si cet auteur a le vent en poupe.
Michèle Acquaviva-Pache
