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vendredi 20 août 2010, par Journal de la Corse

Pascale marthine tayou « Â Je suis convaincu que tout ce qui nous reste c’est l’amour et que la haine ne produit que de la haine  » Pascale Marthine Tayou Votre principale thématique ? L’homme … Étant un homme je n’ai pas d’autres choix que d’en parler. L’homme dans ses plaisirs, dans ses malheurs, dans ses manières de retrouver du bonheur. Voilàoù va mon intérêt. Je fais un travail de rêveur pour donner de la consistance àce qui semble inconsistant. Et j’expose pour partager… Vous êtes un grand voyageur. Y-a-t-il des endroits où vous êtes plus en prise avec les lieux ? Cameroun et reste du monde … Depuis vingt ans je suis un voyageur qui travaille partout. L’endroit où je suis exerce toujours une dominante sur moi. Mais nulle part je ne suis làpour dire : « Â Je suis ainsi  », car j’ai seulement àdonner confiance aux gens. On reproche àl’art contemporain d’être trop cérébral. Votre opinion ? D’abord je ne suis pas « Â contemporain  »Â ! Je raconte des histoires avec des objets qui les amplifient. Je ne m’enferme pas dans des genres. Dans des temples. De la vidéo àla peinture, de la sculpture àl’installation vous utilisez tous les médias. Quand choisissez-vous l’un plutôt que l’autre ? C’est instinctif ! Je me jette … Je m’empare de ce que j’ai devant moi. J’ai besoin de tester les choses. Parfois j’abandonne. Parfois je tâtonne en essayant de trouver ce qui convient le mieux. En fait je suis toujours àl’école et quelle chance c’est ! Il faut rester fier de soi sans tomber dans la conformité glacée, tout en sachant que pour survivre on est obligé de jouer avec le système. Comment réagissez-vous aux célébrations du cinquantenaire des indépendances des ex-colonies d’Afrique ? Les indépendances africaines ?.. Mais quelles indépendances ! Les flonflons àquoi ça rime ? En tout cas ça ne touche pas le peuple, c’est pour les initiés et ça ne m’intéresse pas. On nous fait croire que… Il faudrait que ceux qui gèrent nos affaires le fassent dans l’intérêt des administrés. Il faudrait aussi que l’Afrique ait sa part des technologies modernes, par exemple pour ce qui est du nucléaire au Niger. Vous ne croyez pas aux indépendances telles qu’elles sont ? La vraie indépendance réside dans le lien entre administrés et ceux qui administrent. En l’occurrence les indépendances ça n’existent pas. Personnellement j’ai toujours été indépendant, car dans mon âme je suis libre. Le rôle des artistes en Afrique ? Le même qu’ailleurs. Dans notre société globale on doit avoir une posture d’ouverture qui favorise la rencontre. Si j’aime provoquer ceux qui viennent voir mon travail, je suis convaincu que tout ce qui nous reste c’est l’amour et que la haine ne produit que de la haine. Au fond de moi je ne suis pas un artiste mais un vagabond. Je me sens comme un virus qui essaie de contaminer les autres … Je suis de la mauvaise herbe ! Comme persuader les jeunes africains qu’émigrer n’est pas la panacée ? Les jeunes veulent faire pareil que nos leaders qui passent leur temps àse tirer àParis ! Logique de leur part. C’est ceux qui sont au pouvoir qu’il faut convaincre que leur place est dans leur pays. Pourquoi ne pas leur refuser des visas ? Mais on ne peut oublier que l’homme est un explorateur. Dans mon village flamand, où j’habite une partie du temps, c’est moi le nouveau colon. Votre priorité comme plasticien ? Travailler librement et simultanément si je peux aider àlibérer la parole, je serai heureux. Je veux être dans le faire sans appauvrir l’âme. Propos recueillis par M.A-P  

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