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jeudi 24 février 2011, par Journal de la Corse

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Le film d’Antoine Santana sur Arte le 25 février

MAIN BASSE SUR UNE ILE

« Main basse sur une île » est un film sur l’affaire Érignac réalisé par Antoine Santana, cinéaste corse. Une première que cette implication d’un réalisateur insulaire dans un sujet brûlant, qui est … notre histoire.

Vrai-faux ou faux-vrai complot dans le but d’assassiner un haut représentant de l’état pour faire pression sur la pouvoir politique ? Santana comme Brighelli, auteur du livre qui a inspiré le film pose cette double question et développe sa propre approche qui n’est – bien sûr – pas celle communément admise, tant devant un problème qui gêne, qui culpabilise, il est plus facile de se rallier à la thèse la plus répandue. Le propos d’Antoine Santana nous renvoie au milieu de la décennie 90, alors que sévit la guerre entre factions nationalistes, en ces années de plomb qui ont laissé de lourdes séquelles dans l’île. C’est une période où toutes les manipulations sont possibles dans la confusion la plus totale. Magouilles, intox, tripatouillages, l’atmosphère est si opaque, si délétère que n’importe qui peut faire n’importe quoi au nom de principes qui ne sont que cache-misères de la pensée. Seul est audible l’invective, l’anathème, le bruit des balles. Tout est en place pour les dérapages les moins contrôlés. Pétaudière macabre, et sens commun aux oubliettes ! Litanie d’assassinats politiques. Cohorte de règlements de comptes. Impunité des meurtriers, surtout, lorsque sont abattus Corses. C’est dans ce cadre qu’intervient l’exécution du préfet Erignac un soir de février 1998. Punir les coupables de cette atteinte à l’intégrité de l’état se transforme, pour le ministre de l’intérieur de l’heure, en « cause sacrée ». Mais un homme tué ne mérite-t-il pas la même émotion, la même volonté de lui rendre justice quels que soient son lieu de naissance, sa profession, son rang ? Le roman de Brighelli est d’abord paru sous le titre de « Pur porc » et sa réédition sous celui de « Viande froide ». Le cinéaste a préféré reprendre « Main basse sur une île », intitulé d’un ouvrage capital, conçu et écrit par Pascal Marchetti et Charles Santoni, et publié par le FRC ((Front Régionaliste Corse) en 1973, ouvrage qui a fait date dans la prise de conscience de la problématique insulaire. Le film met en scène un François Berléand impressionnant. Objectif du cinéaste : susciter le débat, approfondir la réflexion. Et une question de surgir : quelle vérité trouveront in fine les historiens qui étudieront ce pan de l’histoire de l’île ?

Michèle Acquaviva-Pache

* Diffusion à 20 h 40, le vendredi 25 février.

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