Ah ! Les commémorations ! 6 janvier 1412. Naissance de Jeanne dans la famille d’Arc à Domrémy. 6 janvier 2012. Sixième centenaire. Le Président de la République, avec une certaine solennité s’en rendu à Domremy pour y honorer la « La Pucelle ». Cette jeune bergère de 17 ans avait reçu la mission divine de rencontrer le roi et de lui faire recouvrer son rayonnement. Le pays, dévasté par la guerre étrangère et la guerre civile, anéanti de même que son roi Charles VII, doutant de lui-même et de sa légitimité était à la renverse. Elle partit de Vaucouleurs à Nicolas Sarkozy a prononcé son discours, pour obéir à ses voix et à sa vision. Bien sûr le Président a évoqué la vie combattante et tragique de cette femme dont l’historien Michelet avait dit : « Oui, selon la religion, la patrie, Jeanne d’Arc fut une sainte. » Il a insisté évidemment sur le symbole de patriotisme et d’unité nationale qu’elle représente. Sa jeunesse, sa simplicité, son bon sens, sa victoire prix de son engagement lorsque tout paraît perdu. Nicolas Sarkozy a martelé ses mots en les répétant « Jeanne n’appartient à aucun clan ». Bien évidemment, le reproche d’avoir fait un bon coup de communication en période électorale n’a pas manqué. Mais depuis 1920 et par la Chambre des députés, la commémoration de Jeanne d’Arc a été déclarée fête nationale et la plupart des Présidents de la République n’ont pas manqué à sa célébration. A l’évidence, Jeanne est aussi un emblème de réconciliation et d’unité. Après les grandes crises françaises elle a aussi servi de trait d’union. Au lendemain de l’effondrement de 1870-1871, Gambetta, à l’orée de la IIIe République, s’adressant à des dames déclarait : « Oui, je tiens à le dire : il faut en finir avec ces querelles historiques. On doit passionnément admirer la figure de la Lorraine, qui apparut au quinzième siècle pour abaisser l’étranger et pour nous redonner la patrie, et en même temps dans ce Paris, tout imprégné du génie de celui qui fut le vrai roi de l’esprit et de la philosophie au 19e siècle, on doit acclamer ce nom de Voltaire, en dépit d’attaques… et ce Voltaire il faut le saluer, il faut le mettre à sa place au milieu de toutes nos gloires nationales et quant à moi je me sens l’esprit assez libre pour être le dévot de Jeanne la Lorraine et l’admirateur et le disciple de Voltaire. » Voltaire lui-même avait dit de Jeanne d’Arc « Elle aurait en aurait eu des autels dans les temps héroïques où les hommes en élevaient à leurs libérateurs. Jaurès et Péguy, François Mitterrand, hommes de gauche comme Gambetta avaient eux-mêmes rendu hommage à Jeanne d’Arc, à la suite de Michelet, comme l’avait fait De Gaulle. Aujourd’hui la conception de l’histoire de certains spécialistes, n’est plus celle de la continuité historique et des gloires nationales… Allant de Clovis à Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle. Autrement dit une histoire dite mémorielle, rompant la solidarité du passé et de l’avenir. La nation historique n’en continue pas moins. Le 8 juin, les amis de François Mitterrand se sont retrouvés à Jarnac pour se recueillir sur sa tombe. Mitterrand justement avait le goût des commémorations et de l’histoire symbolique. N’avait-il pas défini la politique comme l’art de gérer les symboles ? Ayant visité la basilique de Vezelay, il avait écrit « Je pensais à l’histoire, écrite par ses vivants et nourrie de ses morts, cette immense continuité. Je me disais à présent : c’est à nous maintenant de préserver et de transmettre. »
Marc’Aureliu Pietrasanta