Un livre qui a connu bien des péripéties et des rebondissements pour être publié. Imprimés en Espagne, les 16.000 exemplaires de ce livre ont traversé la frontière sous un autre titre, avant d’être stockés dans un entrepôt tenu secret… Une sorte d’affaire dans l’affaire, comme il est dit dans l’introduction « rien n’est banal dans ce dossier qui regorge de paradoxes ». Retour sur une affaire qui sort de l’ordinaire, celle de la Société méditerranéenne de sécurité.
Histoire sans morale
L’auteur, dont on ne sait volontairement rien, montre bien les écheveaux et fils inextricables qui lient les acteurs de ce puzzle bien compliqué qu’est l’affaire de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS), dont le dossier dépasse les 40.000 pages, « beaucoup pour une simple affaire financière ». Personne n’est neutre. La conclusion est ainsi claire sur les responsabilités de l’État qui aurait pu reprendre la main sur l’île « encore faudrait-il pour cela qu’il soit insoupçonnable et impartial ». Ce que le lecteur peut comprendre à la lecture de ce compte rendu, enrichi d’une chronologie des faits à la fin, c’est qu’il reste difficile de mener des enquêtes dites « sensibles » en Corse.
« Petits arrangements entre amis »
Depuis 2006, la SMS, dont le patron n’est autre qu’Antoine Nivaggioni, ancien leader nationaliste reconverti dans les affaires, fait l’objet d’une enquête sur fond d’abus de biens sociaux et de marchés truqués en Corse et sur la Côte d’Azur. Le livre fait la lumière sur les relations entre flics et voyous, en retranscrivant des écoutes téléphoniques, entre Antoine Nivaggioni et un policier spécialiste de la Corse aux renseignements généraux. On comprend mieux que cet homme soi-disant traqué n’ait jamais été vraiment inquiété… Le livre relate aussi les règlements de compte au sein de la police, les petits arrangements et bien sûr les assassinats, un contexte insulaire qui n’échappe pas au lecteur attentif, qui peut relier certains éléments entre eux. Comme le scénario d’un film policier ou la trame d’un polar, sauf qu’il s’agit de la vraie vie.
Myriam Mattei
Justin Florus, Guerre des polices et affaires corses, éditions Nouveau monde, 137 pages, 16,90€