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Colomba devient héroïne de bande dessinée

jeudi 13 septembre 2012, par Journal de la Corse

Colomba, la célèbre héroïne de Mérimée, a plusieurs fois été portée au petit écran, voire même au cinéma. Cette fois, c’est en bande dessinée que le célèbre roman de Mérimée est adapté. Sur un scénario et une adaptation de Frédéric Bertocchini, c’est un artiste girondin, Sandro, qui a dessiné ce one shot qui vient tout juste de paraître aux éditions DCL. Nous avons rencontré l’artiste...

Sandro, pouvez-vous vous présenter en quelques mots. Quel est votre parcours jusqu’ici ?

Après avoir eu mon diplôme de graphiste, j’ai fait de l’illustration et de la BD pour de l’édition et des agences de publicité. En 2003, mon premier album "Ectis" est paru chez Nucléa 2. J’ai ensuite travaillé pour la collection Celtic des éditions Soleil. J’ai collaboré à l’album collectif "Les Contes du korrigan". Ensuite j’ai dessiné les albums "Le Sang de la sirène", "Le Gardien du feu", et enfin "Jusqu’au bout de la terre" avec François Debois au scénario. De ma collaboration avec Frédéric Bertocchini, est paru "Colomba" chez DCL. Je termine avec lui un album qui s’appelle "Kirsten", et qui paraîtra en novembre prochain. Je dois également terminer un premier tome d’une série commencée pour les éditions Cléopas. Il y a d’autres projets dans les tuyaux mais il est trop tôt pour en parler… En fait, depuis fin 1991, je dessine, je dessine… Et puis, entre deux dessins, je dessine...

Comment est né le projet Colomba ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de dessiner cette histoire ?

Frédéric et moi avons un ami commun, Miceal O’Griafa, lui-même scénariste, qui nous a mis en contact. Fred cherchait un dessinateur pour "Colomba" et moi du travail… Le courant est très bien passé entre nous. Sa façon de raconter les histoires m’a plu et m’a donné envie de les mettre en images. Avant de lire le scénario de Colomba, j’ai lu le roman de Mérimée. Frédéric a su en retirer l’essence et donner du dynamisme à ce grand classique littéraire. J’ai aimé son adaptation et la façon dont il s’est approprié l’histoire tout en restant fidèle à l’œuvre de Mérimée. Autre bonus pour me donner envie, ça a été de retravailler avec mon ami Pask, qui avait fait les couleurs de mon tout premier album.

Il s’agit d’une œuvre classique, comment lui apporter de la modernité ?

J’ai déjà adapté quelques œuvres littéraires avant celle-ci et une des difficultés de l’adaptation est de rendre l’œuvre plus dynamique et plus moderne. Même s’il s’agit d’une œuvre classique, Colomba est une jeune femme très moderne. Elle est insoumise, elle sait ce qu’elle veut et va au bout de ses choix et de ses envies, en s’en donnant les moyens. Une femme au caractère d’aujourd’hui, alors que nous sommes au XIXe siècle... Pour ma part, j’ai essayé de rendre la lecture dynamique et moderne, en jouant sur les cadrages et les angles de vues. J’ai également choisi une mise en page avec des cases qui se chevauchent, des cases qui sortent de la page (ce que l’on appelle "bord perdu" dans le jargon du métier), ce qui change de la BD "classique".

La BD a un traitement graphique qui nous fait penser aux westerns... C’est voulu ?

En lisant le scénario de Frédéric Bertocchini, j’ai eu l’impression de lire un western. Certes le décor et les costumes sont différents, mais l’histoire pourrait être retranscrite au far west sans aucun problème. Je suis fan de westerns depuis tout petit. Du coup, j’ai choisi des cadrages qui font penser au western. En lisant le découpage de Frédéric, j’avais l’impression de voir un film de Sergio Leone. J’ai donc repris certains codes de ses films et du western : grands panoramiques, grands espaces, gros plan sur les regards, etc...

Est-ce difficile de porter à l’image une œuvre classique comme Colomba ? Quelles furent les difficultés pour vous ?

Avant "Colomba", j’avais adapté d’autres œuvres littéraires. Comme à chaque fois, les difficultés sont plus ou moins les mêmes... La principale est de ne pas dénaturer l’œuvre tout en se l’appropriant. Mes précédentes adaptations se passaient en Bretagne. Celle-ci se passe Corse, et n’étant ni Breton, ni Corse, il y a donc un gros travail de documentation. Même si le village (Pietranera) n’existe pas, il faut qu’on aie l’impression d’être en Corse et pas ailleurs. En plus de celle des décors, la documentation concernant les costumes de l’époque exige également beaucoup de recherches. Du coup, ça vaut vraiment la peine de travailler avec un scénariste-historien comme Fred. J’ai essayé de retranscrire et de respecter au mieux les décors et les costumes de l’époque, cependant, les puristes trouveront peut-être des petites erreurs.

Comment avez-vous travaillé avec Frédéric Bertocchini ? Il s’agissait de votre première collaboration ?

Je vis en Gironde, Frédéric et l’éditeur sont en Corse, et Pask, le coloriste, en région parisienne... Les techniques modernes et l’internet permettent des échanges rapides et de travailler comme si on était dans le même atelier... Ensuite, c’est une question de discipline et de confiance. En effet, je n’ai pas à me rendre tous les jours chez un patron. Mon bureau est chez moi... Il faut donc se tenir à une certaine rigueur pour pouvoir avancer et être productif. Il y a un délai à tenir pour la parution de l’album. Ensuite, il faut essayer de rendre le mieux possible le travail du scénariste. Lorsque celui-ci est ravi des pages, pour moi, c’est mission accomplie !

E. C.

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