La carrière de Frank Sinatra (1915-1998) dispense de tout discours tendant à rappeler quel artiste il fut. Quelques courts propos toutefois, pour tout lecteur de cette chronique qui en éprouverait le besoin, s‘imposent. Chanteur américain d’origine italienne son succès, à partir surtout de janvier 1943, ne se démentira plus. Avant cette date il a appartenu au groupe vocal « The Hoboken Four », et s’était produit en soliste à New Jersey, ayant commencé à enregistrer et ayant obtenu un triomphe lors de ses débuts à New York. Au début des années 90 il donnait encore des récitals dans le monde entier. « Quand Sinatra chantait Gershwin » (1) est un album qui charme. De l’énergie rythmée, de la subtilité et du cœur. Les paroles d’Ira Gershwin, frère du compositeur, sont familières et pourtant poétiques, donnant à l’homme de la rue l’impression qu’il pourrait les prononcer lui même. Avec ce tout, voilà le secret de la meilleure musique pop. Elle trouve une voix idéale avec Sinatra pour qui la chanson était aussi naturelle que le parler. Il était détendu, nonchalant même et à l’aise. En 1947 il consacra à Gershwin le dernier programme de chansons écrites par le compositeur de Porgy and Bess, son chef d’œuvre lyrique. Ce programme intitulé « A la manière de Sinatra » dont des extraits figurent dans l’album évoqué aujourd’hui. Dans les extraits de Porgy, le rôle de Bess est tenu par la soprano Jane Poncelle. L’album contient dix sept pièces dont « Somebody loves me », « Oh Bess,where is my Bess », « Porgy and Bess Medersa » et bien sûr « Summer time » qui ne cesse toujours pas d’être chanté dans le monde entier. Mais rappelons quelques données concernant Gershwin. Elles ne peuvent que servir. Compositeur, pianiste, et chef d’orchestre Américain (1898-1937), fils d’immigrés juifs russes et frère cadet d’Ira qui deviendra son parolier, il devint célèbre en 1924 avec la composition de « Rhapsody In Blue », poème symphonique ; Au sommet de sa gloire, il mourut prématurément d’une tumeur au cerveau. Citons encore de sa plume le « Concerto en fa » pour piano et orchestre, « Un Américain à Paris », autre poème symphonique couronné d’un immense succès, et l’opéra « Porgy and Bess », un grand chef d’œuvre. Les jazzmen lui ont emprunté une bonne trentaine de ses nombreuses chansons. S’étant rendu à Paris, notamment pour y rencontrer Maurice Ravel et lui demander des conseils, il s’entendit répondre : « Mais je n’ai rien à vous apprendre » Quelle référence plus précieuse ?
Vincent Azamberti
(1) Columbia LC 00162