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CD : ALFRED SCHNITTKE ET SA MUSIQUE DE FILM

jeudi 5 avril 2012, par Journal de la Corse

Voilà bien une occasion à ne pas négliger : évoquer le nom d’Alfred Schnittke (1934-1998), compositeur soviétique qui se forma à Vienne et à Moscou avant d’enseigner lui même au Conservatoire de la capitale et au Studio expérimental de musique électronique. Il utilise des styles différents en opposant parfois tonalité et atonalité dans certains cas, en pratiquant l’usage d’allusions stylistiques disparates. Il a écrit un opéra, des oratorios, des ballets, des concertos, des symphonies et de la musique de chambre. Sa musique nécessite et mérite toute l’attention que l’auditeur peut et doit lui accorder. Un exemple probant : écouter ce CD, intitulé « Film music, vol. III » et renfermant « Das Märchen der Wanderungen » (1) et « Rikki-Tikki-Ravi ». (2) L’interprétation appartient à l’Orchestre Symphonique de la radio de Berlin que dirige Frank Strobel. Si les ouvrages symphoniques et ceux consacrés à la musique de chambre de Schnittke sont d’un abord souvent exigeant, sa musique de film est ouverte à tous. Ce trait ne compromet nullement le fait que sa production s’inscrive dans la continuité ouverte par la brillante triade : Prokofiev, Chostakovitch et lui même. Et cela, sans qu‘on s‘attarde à rappeler que Schnittke était le fils d‘une femme allemande, qu‘il vécut et travailla essentiellement en Allemagne et en Autriche. La contrainte de composer des œuvres dans la ligne du socialisme soviétique pesa moins sur lui que sur ses compatriotes plus âgés et il fut sensible aux évolutions internationales dans le domaine de la musique du XXe siècle. Les bonnes musiques de film sont celles que l‘on siffle dans la rue à la sortie du cinéma, sans savoir le plus souvent d‘où elles viennent. Ce qui reste gravé dans la mémoire est souvent le thème principal de la bande sonore. La musique de film a rarement une fonction ou même une existence autonome. Elle est destinée à soutenir les émotions et à contribuer à souligner l’un ou l’autre des effets scéniques. L’œil est à la merci de l’oreille. A l’inverse l’oreille se fait très exigeante. La musique d’Alfred Schnittke est si captivante que les films qu’il a illustrés de sa plume de compositeur ne manquent guère. Tant mieux.

Vincent Azamberti

(1)« Le conte des voyages »

(2)Film Music Edition, Vol. III Capriccio 71 127

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