Carl’Antò I puttachji
AU « BONHEUR » DES VILLAGES
L’honorable confrère quotidien publie, cette
année encore, des pages ronflantes sur un certain
nombre de villages qui vivent l’été
triomphalement avec ce qu’il faut de population
pour faire mentir les statistiques d’une
démographie agonisante, de séduisantes
initiatives tendant à prouver l’énergie débridée
des résidents et d’exemples à suivre si on en
a les moyens. Les pages dédiées à ces
bienheureux villages sont d’une étincelante
polychromie et tout a été pensé et mis en oeuvre
pour qu’ils fassent des envieux de Pumonte
à Cismonte. Pour être véritablement complet
et digne d’éloges l’honorable confrère devrait
nous montrer ces villages en hiver. Lorsque
les volets de leurs maisons sont clos pour des
mois et qu’ils résonnent seulement de quelques
plaintes et lamentations concernant notamment
les pannes d’électricité et les fréquences
espacées des livraisons assurées par les
épiciers et les boulangers ambulants. Lorsque,
enfin, leur bonheur relève de la vacuité.
Pour ne pas dire plus.
DES TONNES DE PAPIER INUTILE
Les braves étudiants qui réclament la
coofficialité pour le corse, en abîmant les
grilles des préfectures en même temps que
quelques CRS, défendent-ils les intérêts des
imprimeurs ? Ils font, dans ce cas, une bonne
action. La coofficialité du corse entraînerait
l’édition, dans les deux langues, de tous les
documents administratifs, de toute la
paperasserie qui submergent aussi bien les
services de l’Etat que ceux de la Collectivité
Territoriale. Le tonnage, déjà colossal, de
papier imprimé serait doublé. Il y aurait
nécessité de créer des emplois. Mêmes les
facteurs des Postes demanderaient du renfort.
Il faudrait aussi des traducteurs. Ils pourraient
être trouvés, il est vrai, parmi les innombrables
titulaires du CAPES de corse, qui, à défaut
d’élèves, auraient ainsi de quoi s’occuper. La
cooficialité pourrait donc faire beaucoup
d’heureux. Mais pas parmi les amis des arbres
et de l’environnement, qui dénonceraient le
sacrifice de forêts entières pour fabriquer du
papier inutile.
Même les plus belles idées risquent de se heurter
à l’opposition d’une poignée de grincheux.
PLUS PAUVRES QUE NOUS…
La presse nationale continue de nous chercher
des poux sur la tête. Un hebdomadaire parisien
prétendument bien informé nous fait passer
pour des nuls. Il prétend que pour la pauvreté
on a le pompon. L’île serait la seule région
de France dont aucune commune n’atteint
20 000 euro de revenu en moyenne par
habitant. Et au classement général la Corse
arriverait avant-dernière avec un revenu
moyen de 14 000 euro, par foyer fiscal. Il n’y
a que le Nord-Pas-de-Calais qui fait encore
moins bien que nous (13 700 euro) à cause
des inégalités criardes entre les banlieues
riches de Lille et d’Arras et les « cités »
surpeuplées et pauvres, fâcheux résultats des
mutations industrielles et énergétiques. Bon,
c’est sûr que jetés comme ça, tout à trac, ces
chiffres bruts nous fichent un coup de cafard.
Mais ça ne veut pas dire grand-chose : il
faudrait les rapprocher de quelques autres
données essentielles ( démographie, insularité,
relief, zones d’activité etc…. ) pour en saisir
la portée réelle. L’hebdomadaire en question
ne le fait pas. Pas cette fois-ci. On attendra.