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Carl’Antò I puttachji

vendredi 16 août 2013, par Journal de la Corse

Carl’Antò I puttachji

AU « BONHEUR » DES VILLAGES
L’honorable confrère quotidien publie, cette année encore, des pages ronflantes sur un certain nombre de villages qui vivent l’été triomphalement avec ce qu’il faut de population pour faire mentir les statistiques d’une démographie agonisante, de séduisantes initiatives tendant à prouver l’énergie débridée des résidents et d’exemples à suivre si on en a les moyens. Les pages dédiées à ces bienheureux villages sont d’une étincelante polychromie et tout a été pensé et mis en oeuvre pour qu’ils fassent des envieux de Pumonte à Cismonte. Pour être véritablement complet et digne d’éloges l’honorable confrère devrait nous montrer ces villages en hiver. Lorsque les volets de leurs maisons sont clos pour des mois et qu’ils résonnent seulement de quelques plaintes et lamentations concernant notamment les pannes d’électricité et les fréquences espacées des livraisons assurées par les épiciers et les boulangers ambulants. Lorsque, enfin, leur bonheur relève de la vacuité. Pour ne pas dire plus.

DES TONNES DE PAPIER INUTILE
Les braves étudiants qui réclament la coofficialité pour le corse, en abîmant les grilles des préfectures en même temps que quelques CRS, défendent-ils les intérêts des imprimeurs ? Ils font, dans ce cas, une bonne action. La coofficialité du corse entraînerait l’édition, dans les deux langues, de tous les documents administratifs, de toute la paperasserie qui submergent aussi bien les services de l’Etat que ceux de la Collectivité Territoriale. Le tonnage, déjà colossal, de papier imprimé serait doublé. Il y aurait nécessité de créer des emplois. Mêmes les facteurs des Postes demanderaient du renfort. Il faudrait aussi des traducteurs. Ils pourraient être trouvés, il est vrai, parmi les innombrables titulaires du CAPES de corse, qui, à défaut d’élèves, auraient ainsi de quoi s’occuper. La cooficialité pourrait donc faire beaucoup d’heureux. Mais pas parmi les amis des arbres et de l’environnement, qui dénonceraient le sacrifice de forêts entières pour fabriquer du papier inutile. Même les plus belles idées risquent de se heurter à l’opposition d’une poignée de grincheux.

PLUS PAUVRES QUE NOUS…
La presse nationale continue de nous chercher des poux sur la tête. Un hebdomadaire parisien prétendument bien informé nous fait passer pour des nuls. Il prétend que pour la pauvreté on a le pompon. L’île serait la seule région de France dont aucune commune n’atteint 20 000 euro de revenu en moyenne par habitant. Et au classement général la Corse arriverait avant-dernière avec un revenu moyen de 14 000 euro, par foyer fiscal. Il n’y a que le Nord-Pas-de-Calais qui fait encore moins bien que nous (13 700 euro) à cause des inégalités criardes entre les banlieues riches de Lille et d’Arras et les « cités » surpeuplées et pauvres, fâcheux résultats des mutations industrielles et énergétiques. Bon, c’est sûr que jetés comme ça, tout à trac, ces chiffres bruts nous fichent un coup de cafard. Mais ça ne veut pas dire grand-chose : il faudrait les rapprocher de quelques autres données essentielles ( démographie, insularité, relief, zones d’activité etc…. ) pour en saisir la portée réelle. L’hebdomadaire en question ne le fait pas. Pas cette fois-ci. On attendra.

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