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Calenzana du 17 au 22 août

jeudi 9 août 2012, par Journal de la Corse

Rencontres de musiques classique et contemporaine

Marielle et Katia Labèque, l’Orchestre symphonique de Bucarest dirigé par Benoît Fromager, A Filetta, le violoncelliste Gautier Capuçon, l’altiste Gérard Caussé, la violoniste Tatiana Samouil, Bruno Coulais et beaucoup d’autres musiciens renommés et de grand talent à la 12ème édition des Rencontres de musiques classique et contemporaine de Calenzana.

Particularité de la manifestation calenzanaise 2012 ? Dix huit concerts au lieu de quinze en 2011. Une floraison musicale dans des lieux magiques comme ce rendez-vous donné en pleine nature, non loin de Calenzana, sous les chênes et dans un environnement de jardins datant de Gênes pour qu’à la note de musique s’ajoute une touche d’histoire méconnue. Inédite encore la présence d’un orchestre symphonique de 52 musiciens de Bucarest. Deux soirs de suite ils vont interpréter des musiques classiques qui ont illustré des films très célèbres et dont beaucoup ignorent qu’elles sont l’œuvre de Mozart ou de Händel, de Tchaïkovski ou de Wagner ainsi que des compositions de Bruno Coulais. Le lendemain place à Beethoven. Cette année 24 artistes, dont le danseur performeur Afshin Ghaffarian sont reçus en résidence. A l’origine des Rencontres le sentiment de la cruelle absence de la musique classique - parmi les festivités de Balagne - ressentie par Jean Sicurani de A Filetta. Enfant il avait pu assister aux Nuits d’Alzipratu, et en avait gardé un souvenir ébloui. Combler un manque s’imposait donc à ses yeux. Au fil des éditions précédentes le public calenzanais et balanin a pu, entre autres, écouter la regrettée Brigitte Engerer, Max-Emmanuel Cencic, Le Quatuor, Stephen Kovacevich, les Gospel Voices, Laurent Korcia, Michel Portal, Misia, Amelia Muge et découvrir tant de nouveaux artistes. Comme tous les ans l’association Scherzando animera pendant la manifestation des activités culturelles à destination des 8 – 15 ans. Car les jeunes sont le public de l’avenir, et il serait impensable de les laisser sans formation. Forger une relève est également le but des « master class » que les organisateurs des Rencontres planifient tout au long de l’année. Souhait le plus cher de Jean Sicurani ? Faire des Rencontres en hiver quand les Corses sont pleinement disponibles… encore faudrait-il une salle adaptée et accessible en Balagne !

Michèle Acquaviva-Pache

« Nous tenons à montrer que la musique classique est un espace de convivialité et de bonheur ».

Jean Sicurani

Comment pensez-vous la programmation d’une édition ? Vos objectifs ?

Il y a ce qu’on pense et ce qui est réalisable ! D’où la nécessité de savoir recentrer ses ambitions et resserrer son budget ! Notre désir est de procurer du bonheur au public. On fonctionne aux coups de cœurs tout en cherchant un équilibre entre musique classique et musique contemporaine, qui pour nous n’est pas qu’expérimentale mais qui est celle de notre époque. On a aussi le souci de monter des soirées thématiques comme celle consacrée à la musique de cinéma ou celle dédiée aux Beatles.

Choisissez-vous le programme en fonction du cadre d’un village pour les concerts de 18 et de 19h30 ?

Il y a des endroits où s’impose un répertoire et d’autres où tout est programmable, ainsi la place de Cassanu. C’est pourquoi on a voulu qu’y soient jouées des valses viennoises pour que le plus grand nombre puisse en profiter. Par contre dans l’église de Montemaggiore on imagine difficilement autre chose que du Bach. Sainte Restitude étant le lieu idéal pour la polyphonie, c’est donc là que va se produire A Filetta.

Vous accueillez 24 artistes en résidence. Qu’attendez-vous d’eux ?

Qu’ils jouent de tout leur cœur ! Depuis les débuts des Rencontres un dizaine d’artistes sont devenus des habitués et des amis des Calenzanais. Ils s’impliquent à tous les niveaux. Il arrive même que certains donnent un coup de main en cuisine ! Outre le plaisir qu’ils nous font par leur présence ils nous consentent des facilités en matière de cachets. Car ils ont avec nous une philosophie de vie axée sur le partage, et le désir d’aller vers les gens. Ce sont de grandes âmes…

Dans le paysage musical de Sardaigne que représente le groupe sarde invité à Calenzana ?

Le groupe Tenores Antoni Milia d’Orosei chante du sacré et du profane qui est si particulier à son île. Ce groupe est un représentant prestigieux de la culture sarde. Je voulais donner un concert au profit de la Confrérie de Calenzana dont les confrères nous apportent leur soutien. C’est la raison pour laquelle j’ai pensé à ces chanteurs d’Orosei, un village du centre-est de la Sardaigne.

Quel répertoire va interpréter A Filetta dont vous faites partie ?

Nous chanterons des morceaux de notre avant dernier album, « Bracana » qui reflète bien les trente cinq ans de notre parcours artistique. Nous interpréterons également des chants créés pour le spectacle, « Puzzle » du chorégraphe Sidi Larbi Cherckaoui, auquel nous venons de participer dans le « in » du festival d’Avignon en compagnie de onze danseurs, d’une chanteuse libanaise, et d’un musicien japonais. « Puzzle » est programmé pour janvier par le théâtre de Bastia.

Pourquoi quatre concerts gratuits ?

C’est un moyen de toucher encore plus de monde, y compris des gens qui croient que les concerts à l’affiche sont affaire d’élitisme. Nous tenons à montrer que la musique classique est un espace de convivialité et de bonheur.

En cette période de crise avez-vous dû surmonter des difficultés particulières ?

Les collectivités locales continuent de nous soutenir. Si l’on note une certaine baisse des subventions publiques on a pu les rééquilibrer grâce à nos sponsors privés qui ont compris l’intérêt de notre démarche.

Les caractéristiques du duo des sœurs Labèque ?

Au piano c’est l’un des rares duos existants. Basques d’origine Marielle et Katia Labèque ont un peu le même discours que nous et dans leur façon de jouer quelque chose qui se rattache à leur terre. Leur complicité est totale ce qui est capital lorsqu’on se produit ensemble. Elles ont aussi une grande ouverture d’esprit. Rares, en effet, les pianistes classiques qui jouent, comme c’est le cas en l’occurrence, avec des percussionnistes de jazz !

Propos recueillis par M.A-P

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