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BILL EVANS TRIO

jeudi 25 octobre 2012, par Journal de la Corse

Amateurs de jazz, oui, Bill Evans c’était hier. Mais s’embarrasse-t-on de faire problème du fait que la musique de Mozart remonte à plus de deux siècles ? Musicien de jazz, comptant parmi les grands du siècle dernier, Bill fut de ceux qui inspirèrent ces propos d’Orson Wells : « Les vrais génies du XXe ne sont pas des cinéastes, ni des peintres, des savants ou des écrivains ; ce sont des musiciens de jazz ».Si le peuple noir, longtemps harcelé, ne put offrir que des créations peu reconnues, voire ignorées, jusqu’au début du siècle précédent, le jazz fut bel et bien son coup de génie. Musicien blanc, mais héritier comme bien d’autres de ce que le jazz venu du Nouveau Monde, lui permit de devenir, Bill Evans s’impose comme un artiste complet, créateur de bien de chefs d’œuvre. Issu d’une famille très mélomane, c’est à l’église russe qu’il a ses premiers contacts avec la musique. Miles Davis le remarque et fait appel à lui pour un premier enregistrement. Ce seront ensuite huit mois de tournées. Atteint d’une grave insuffisance hépatique, il meurt prématurément des suites d’une hémorragie interne. On ne peut ne pas se souvenir de la suavité de son phrasé. Mieux que de style, c’est d’esthétique qu’il faut parler de lui. L’ampleur, le legato, l’élégance, tout cela sied bien à son jeu fait d’allant et de retenue à la fois. Le rythme n’est pas imposé. Il s’insinue plutôt au long de mélodies plaisantes. Esthétique propre aux Trios surtout. En l’occurrence, voici que se présente à l’écoute un bel album composé de douze pièces en trio, avec Scott La faro (basse) et Paul Motian (batterie) (1) Rien de ce que joue ce poète du piano et de la confidence, chercheur des lointains intérieurs ne laisse indifférent, tant l’émotion suscitée est bouleversante. Avec lui, il s’agit de l’invention d’un espace, celui de l’intériorité. IL trouva une nouvelle esthétique du Trio permettant ce miracle d’équilibre où chacun des partenaires s’émancipe de l’autre en toute liberté. « Le piano, dira-t-il, est pour moi du cristal qui chante et qui produit de l’impalpable : un son qui s’étire dans l’air comme un rond de fumée ».Enfin le lyrisme. Ne disait-il pas : « Ce qui n’est pas assez lyrique… » Le lyrisme exalté peut nuire à l’expression. Jamais toutefois quand il renonce à la passion sans retenue pour livrer l’esprit à un enthousiasme réservé.

Vincent Azamberti

(1) Riverside . www. Concordmusicgroup. com

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