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« BANDERA » EN BERNE

jeudi 9 février 2012, par Journal de la Corse

Le musée de la « Bandera » à Ajaccio, menacé de disparition. Appel au secours lancé par Bernard Cabot, au nom de l’association éponyme. Fruit de la passion bénévole et de la ténacité de ses animateurs, elle connaît des difficultés financières. Elle n’est plus en mesure de subvenir aux dépenses de loyer de son local et du salaire d’un gardien. Les entrées annuelles de six mille visiteurs sont insuffisantes pour faire face à ses charges. Musée de l’Armée ou musée de la Guerre, comme on voudra, la Bandera est un succès d’organisation et d’initiatives privées. Son musée réunit les souvenirs militaires et guerriers de Corse et de France, drapeaux, armes, cuirasses, véhicules, types d’uniformes, portraits, peintures, dessins, manuscrits, imprimés. Toutes ces pièces ont été recueillies par des chineurs passionnés. Leur accumulation est le fruit de la recherche et du goût de ces collectionneurs et constitue un véritable trésor historique. Ces objets représentent concrètement des faits et des hommes du passé. Ils font le lien entre ce passé et notre présent. Ce lien est lui aussi une vérité historique. C’est toute l’histoire de la société humaine de cette île. Ce lieu de mémoire qu’est le musée constitue, pour une part importante, l’identité de la Corse, par les figures emblématiques de Sampiero, Paoli, Napoléon et tant d’autres héros des guerres modernes. Dans une récente chronique sur la Grande Guerre il était fait mention d’une fresque du Vatican. C’est une allégorie de la Corse guerrière du peintre Giulio Romano, élève de Raphaël. Elle tient une lance dans une main et une épée dans l’autre. Au dessus d’elle cette inscription : « Cyrnorium fortia, bello pectora » (Les Corses aux cœurs intrépide pour les combats). La mission de l’histoire est là. A partir des ces matériaux des archives et des musées c’est-à-dire de ce qui nous reste des sociétés humaines l’historien bâtit des chapelles sixtines de l’histoire. L’histoire de la Corse est celle d’un petit peuple confronté aux invasions successives de l’île, depuis la nuit des temps. La guerre faisait partie de la vie normale. On comprend peut-être mieux ainsi que les Corses aient été avant tout des soldats depuis l’époque des Torréens et de la statue de Filitosa V armée de sa grande épée et du poignard. De cette île est issu aussi le plus grand stratège militaire de tous les temps. Dans ces conditions, le musée de la Bandera représente le patrimoine historique corse, de la même façon que les citadelles, forteresses et tour en sont le patrimoine géographique de Bonifacio à la Giraglia. Ce musée est devenu aussi un patrimoine touristique. Le tourisme d’avenir est un tourisme culturel. L’Etat a transféré à la ville d’Ajaccio les locaux de l’ancienne citadelle. Ne pourrait-on y abriter la « Bandera » ? Ce serait une suite logique de l’appartenance militaire ancienne. En tout cas, il serait incompréhensible que la municipalité ajaccienne et la Collectivité Territoriale restent sourdes au S.O.S. de la Bandera. Aujourd’hui elle est à la peine. Il serait juste qu’elle soit de nouveau à l’honneur.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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