Accueil du site > Culture > AVATARS FESTIFS
 

AVATARS FESTIFS

jeudi 26 juillet 2012, par Journal de la Corse

Juillet roi des saisons, propice aux récoltes. Le 14 de ce mois est le phare social du pays. Il réjouit le monde des vacances et celui des congés, comme il réunit les classes d’âge, de la maternelle aux séniors, au sortir des glaces, des brouillards et des pluies. Ainsi cette date est devenue synonyme de repos et de joie pour les vacanciers, de productions, de recettes et de festivals pour les professionnels de l’agriculture, du tourisme et des spectacles. En France, cette fête signal des réjouissances est aussi la fête nationale. Elle est la fête de l’Etat. Déjà dans la Rome antique, juillet est porteur du prénom de César, fondateur du pouvoir suprême qui régna sur l’Occident et l’Orient. Il en est resté cet emblème de la puissance militaire que sont les défilés des armées au son des trompettes et des tambours. Le Président de la République, François Hollande, a reçu le récent hommage de cette parade en sa qualité de grand chef des troupes nationales. L’Etat peut revêtir plusieurs formes, monarchique, dictatoriale ou démocratique plus principalement. La commémoration est généralement emblématique de ces formes et prend date le plus souvent à sa naissance. La révolution d’octobre 1917 pour l’Union soviétique de naguère, ou bien la création de la République pour l’Italie. En France, la commémoration est celle de la prise de la Bastille. En d’autres termes, la victoire de la démocratie et celle du peuple sur l’absolutisme. Notre Président, non sans raison, a fait référence à Gambetta en faisant lire un de ses textes relatif à la journée décisive de l’histoire de France. Pour Gambetta, c’est la vraie date révolutionnaire « celle qui a fait jaillir, comme par un coup de baguette magique un citoyen dans le dernier des serfs, dans le plus humble, le plus infime des travailleurs. » Ce fait avait eu lieu sous la monarchie, il n’est pas directement républicain. La première commémoration se déroula l’année suivante, le 14 juillet 1790. Ce fut la fête de la Fédération réunissant les représentants des gardes nationaux de la France entière. L’enfer de la Bastille avait été détruit, en 1789, dans une journée de fièvre et de sang. La fête de la Fédération fut une journée d’union et d’amour autour de Louis XVI devenu le roi citoyen. Une délégation corse sous la conduite du bastiais Galeazzini y avait participé. Ses délégués revinrent en Corse narrer la joie populaire et festive qui régna sur Paris, s’exprimant par des bals à tous les coins de rue. Galeazzini avait rapporté un drapeau qu’il remit à Pascal Paoli, lors de l’assemblée générale d’Orezza en septembre 1790. Paoli venait d’y être élu Président du Directoire corse et détenait les pouvoirs civils et militaires. Il répondit à cette remise du drapeau tricolore en renouvelant par un discours son serment antérieur devant l’Assemblée nationale et en jurant à la nation française « un attachement éternel et une adhésion absolue à l’heureuse et nouvelle constitution qui nous unit à elle. » La commémoration par la fête de la Fédération ne sera pas renouvelée pendant 90 ans. C’est le 6 juillet 1880 sous la IIIe République et le ministère Fraissinet que la date du 14 juillet fut déclarée fête nationale.

Marc’Aureliu Pietrasanta

Répondre à cet article