MESSA DI SANT’AMANZA Comme annoncé dans un précédent article consacré à la musique de l’opéra de marionnettes «  Davia  » paru aux Editions Casa, voici quelques propos de présentation critique sur la «  Messa di Sant’Amanza  » parue également chez Casa et composée par Jérôme Casalonga, artisan complet qui se consacre depuis vingt ans tout spécialement à la musique au sein de «  A Cumpagnia  » à Pigna.(1) Tout le monde connaît, au moins par son nom, le golfe de Sant’Amanza à l’est de Bonifacio. Un sanctuaire y existait à l’origine, destiné à la population qui vivait autour de l’ancien port aujourd’hui ensablé. Mais une dizaine de chapelles anciennes, détruites ou disparues, ont conservé en d’autres lieux de l’île le nom de Sant’ Amanza ,  (Crocicchia, Pietrosella, une aussi sur le chemin reliant la plaine du Nebbio à la montagne de Tenda, par exemple).Quelles sont les raisons, interroge Santu Massiani, qui ont présidé à la composition de la Messe de Jérôme Casalonga ? Et de répondre s’adressant à ce dernier : «  Dans ta jeunesse tu as travaillé aux décors d’églises et tu étais attentif aux sons, l’oreille tendue aux empreintes des univers sonores de jadis récoltées au fil des villages. Tant de riches styles musicaux venus du fond des âges, vernaculaires certes mais ouverts à l’universel. Ces voix -là , tu les as conjurées et faites éclore  ». Aussi, la Messa di Sant’Amanza n’est elle pas le fruit du hasard. Elle est au carrefour de divers courants. Voyageur, Jêrome compose une musique métissée et innovante. Chaleureuse avec cela. A l’écoute de l’œuvre, conséquemment on peut, à première approche, être tant soit peu surpris, mais vite est on conquit par l’habileté avec laquelle elle est écrite. C’est une messe corse qui assimile ce qui, découvert ailleurs se laisse utiliser instrumentalement et vocalement en référence conforme. Ainsi l’œuvre s’impose par son originalité, sa richesse mélodique et harmonique. On y trouve des audaces mais qui sont de la nature de celles qui, grâce à des intuitions fécondes et neuves font penser à toutes celles que les compositeurs adroits ont permis à la musique d’éviter de redire sans cesse et de manière lassante toujours la même chose. Rossini, sensible au génie turbulent de Berlioz encore jeune, eut ce mot d’une saisissante acuité : «  Quel bonheur que ce jeune homme ne connaisse pas la musique. Il en aurait fait de la bien mauvaise  ». Vincent Azamberti ( 1 ) CDCASA 28 Â