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Arte Mare Printemps arabes et vague verte !

jeudi 8 décembre 2011, par Journal de la Corse

Les printemps arabes impossible de les ignorer tant ils bouleversent les rives méridionales et orientales de la Méditerranée. Des bouleversements dont les effets se feront longtemps ressentir. Des révolutions, sujet de films et d’un débat lors du dernier festival Arte Mare.

Il a suffi qu’un jeune diplômé – marchand ambulant faute de mieux – s’immole par le feu en un geste de protestation suprême contre le régime bénaliste pour que l’incendie se propage. Pour que déferle le ras-le-bol général contre des dictatures trop souvent arcboutées à l’Occident. Un an après une vague verte touche la Tunisie, la Lybie, le Maroc, l’Égypte. La répression ensanglante la rue syrienne et fissure le pouvoir yéménite … Pratiquement dans tous les états du monde arabe l’influence islamiste s’affirme indéniable tandis que les oppositions de gauche ou simplement démocratiques laminées par les autocraties sont bien en peine d’apporter quelque alternative ! Contre la peur, contre l’oppression, contre la méfiance qui gangrène les rapports sociaux, les jeunes … En première ligne. Ces printemps arabes sont d’abord les leur. Ce phénomène de société le film de Mourad Ben Cheick, « Plus jamais peur » tourné en Tunisie le montre parfaitement. Comme le rôle joué par internet, renfort technologique des révolutions. Le film donne aussi la parole à une inlassable artisane des Droits de l’Homme, Radia Nasraoui. Hommage légitime … Éloquente métaphore également que cette séance de psychothérapie où un homme qui a subi la torture s’attèle à reconstituer le puzzle du pourquoi et du comment des événements et de son intégrité psychique grâce à une série de collages. Captivantes les images de Nadia El Fani avec « Laïcité, Inch’Allah ! ». Dénonciation de l’omniprésence de l’Islam dans la société tunisienne. Plaidoyer pour une constitution laïque, seul gage de démocratie selon la cinéaste. Une écriture cinématographique très personnelle. Un ton qui ne s’embarrasse par de circonvolutions quitte à hérisser le poil de ses interlocuteurs ou des spectateurs. Combattive Nadia El Fani malgré intimidations et menaces. Tenace puisqu’elle appelle à continuer la lutte pour consolider les toutes récentes conquêtes et éviter d’être muselé à nouveau, cette fois au nom du Coran. Nécessaire ce débat aurait mérité plus d’ampleur. Un constat sur lequel s’accordent organisateurs et édiles bastiais, mais pour des raisons divergentes. Les premiers arguant un manque de moyens. Les seconds réfutant cet argument. Dommage en tous cas qu’on n’ait pu s’interroger par exemple sur l’intervention militaire en Lybie. Sur ce devoir d’ingérence qui en l’occurrence ressemble fort à une version réactualisée de la politique de la canonnière. Cher pétrole ! Il est vrai que les partis islamiques savent généralement s’accommoder de l’ultralibéralisme économique.

Michèle Acquaviva-Pache

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