Pendant douze jours, en juillet, les Bastiais d’Art Mouv’ ont dansé au festival, « Quand les régions s’en mêlent » à Avignon. Dans le « in » (svp !) de la manifestation. Une première pour une compagnie corse.
« Quand les régions s’en mêlent » est une initiative du CDC (Centre de développement chorégraphique) avignonnais. Jusqu’à présent aucune troupe de danseurs basée sur l’île n’avait été invitée à ce dispositif national. Participation rendue possible grâce aussi au coup de pouce de la CTC, qui a apporté une contribution. Une chance que cette manifestation pour Hélène Taddei-Lawson et Tommys Lawson puisque c’était une véritable occasion de promotion. Chaque jour Art Mouv’ s’est produit devant un public. Chorégraphie retenue : « Paysages croisés », une pièce pour trois danseurs, un concepteur sonore, un vidéaste et un concepteur lumière. Sur un thème qui se réfère au Land Art, une évocation du corps qui va et vient du minéral au végétal, du végétal à l’organique, qui se mue en eau, en ciel, en terre, en air, ou devient nuage ou souffle de vent. Aux côtés d’Hélène Taddei-Lawson ont dansé Dominique Lisette et Juha Pekka Marsalo tandis que Tommy Lawson se chargeait de la musique électronique, Stéphane Broc de la vidéo, Erick Palza Cochet de la lumière. « Paysages croisés » fait partie de la série chorégraphique, « Paysages # Pluriel… » qui s’est promené jusqu’au Kenya en passant par Nonza et l’Omu di Cagna, avec à la clé des spectacles déclinés sous des angles et des approches différentes rendant compte de la diversité des cultures et de l’universalité humaine dans la pluralité des expressions artistiques. Façon d’aborder les questions entêtantes du un et du multiple, du particulier et du général, du même et des autres … De ces expérimentations est né également un court-métrage, « Longue distance », réalisé par S. Broc, qui doit être présenté à la rentrée en Corse. Ce déplacement en Avignon représente l’aboutissement d’un long, tenace et audacieux travail de la part d’Art Mouv’. Une preuve que l’originalité – lorsqu’elle n’est pas poudre aux yeux et facilités convenues – paie. En une époque où l’esbroufe en matière de création est reine voilà qui est réconfortant. Si l’on pouvait avoir plus souvent l’opportunité de ne pas désespérer de la culture-en-l’île !
Michèle Acquaviva-Pache