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Art contemporain à Patrimonio

jeudi 9 juin 2011, par Journal de la Corse

Art contemporain

David Raffini expose « Amnesia »

« Amnesia », qu’on peut découvrir chez Henri Orenga jusqu’au 9 juillet, aurait pu être sous-titrée « Explosision », en référence aux années 60, celles des derniers mousquetaires de l’art. Des mousquetaires de la créativité et de l’audace bien loin du seul confort de la notoriété.

« Explosision », parce que la pièce maîtresse de l’exposition est un film vidéo, une fiction tournée dans une carrière corse. Unité de lieu : Caporalino. Unités de temps et d’action : la déflagration. Souffle de feu. Lames de poussières. Pulvérisation de pierres, de métal, de plastique. Et comme témoins de l’explosion des tôles, des carcasses de machines carbonisées. La brutalité de la destruction est d’autant plus palpable que le son en intensifie la perception. Violence d’une dévastation voulue et intempestive encore aiguisée – bien qu’à contrepoint – par les notes fragiles et aigrelettes d’une boite à musique, reliquat d’enfance. Comptine musicale et récurrente, comme une invitation lancée au spectateur à s’engager en un aller-retour répété du réel brut à la fiction qui appartient à l’imaginaire. Face à l’écran vidéo une toile, « Les méduses du radeau ». Évocation de l’œuvre célébrissime de Géricault, dénonçant l’abandon à une mort annoncée d’hommes que le gouvernement français d’alors s’était refusé à sauver. Rappel aussi d’un work shop à Sartène où l’artiste avait vu que pour contrecarrer une grosse spéculation immobilière les gens n’avaient eu d’autres ressources que de transformer un endroit magnifique en zone de stockage de rebuts. Rappel enfin de la catastrophe du barrage de Malpasset. Cette œuvre, « Les méduses du radeau », le plasticien l’a écrasée au marteau puis reconstituée à l’agrafeuse de charpentier… Le monde recommencé malgré tout. Mais modifié en gardant toutefois traces de ses cicatrices. Le monde recommencé telle une mosaïque fragmentée et fragmentaire avec ses reprises inlassables. Toujours. Toujours… Si la critique de nos sociétés par Raffini est radicale, elle convoque l’énergie, voies et moyens du re-bâtir. Du ré-inventer.

Michèle Acquaviva-Pache

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