Annick Massis, soprano, après ses études musicales à Paris, remarquée dans le rôle titre de « La Finta Giardiniera » de Mozart se décida de privilégier dans sa carrière l’auteur de ces multiples chefs-d’œuvre qui sont ceux du prodigieux fils de Salzbourg. (Grande Messe en ut, Requiem, Le Nozze di Figaro, Don Giovanni, etc.) Mais elle approfondit également le répertoire français.( Les Pêcheurs de perles de Bizet, Mignon d’Ambroise Thomas par exemple ). Elle a participé à de nombreux concerts aux côtés de formations d’élite telles que l’Ensemble orchestral de Paris, l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Ensemble inter contemporain, etc. En récital, on l’a entendue et appréciée au Châtelet, à La Scala, à Rome, etc… Et on lui doit plusieurs enregistrements discographiques. A l’écouter sur l’album cité ce jour, soit celui qui réunit des airs sacrés de Haydn et de Mozart (1), on comprend qu’elle soit aussi à l’aise dans le Bel canto (XVIe-XIXe siècles) que dans la musique baroque. Son art se distingue par la rigueur de l’élocution et sa voix répand une vive clarté. La voici donc dans un récital d’Airs sacrés dû à Haydn et Mozart avec les Chœurs et l’Orchestre Colonne que dirige Daniel Inbal, chef aux références flatteuses (Turin, Opéra du Rhin, Berlin, tournée en Asie, etc…) (1) L’album renferme cinq pages lumineuses de Mozart dont un extrait des Vêpres Solennes pour un confesseur, le bien connu Exultate Jubilate et l’Incarnatus est de la Messe en Ut mineur. Suivent six pages de Haydn, dont l’une extraite des « Saisons », l’autre de « La Création » et le Stabat Mater. « Les Saisons » avec « La Création », font partie de ce legs ultime qu’est l’œuvre immense de Haydn. Ce qui caractérise essentiellement son écriture, c’est la puissance rythmique, un instinct des couleurs, l’emploi des vents, le tout constituant le socle harmonique du siècle à venir. Beethoven sera l’un de ses disciples. La pensée de Haydn est profondément humaine. Quant à Mozart, lui aussi créateur prodigieux, il éprouvait un réel intérêt pour la musique sacrée. En fait, à quel genre musical classique n’a-t-il donné son intérêt et doté de chefs-d’œuvre ? Faut-il l’énoncer ici comme en présence de tout ce que Mozart a composé ? Il n’est pas aisé de caractériser son génie. Il échappe à toute définition. C’est ce que notait Emile Vuillermoz dans son Histoire de la musique. Il avait raison.
Vincent Azamberti
(1) Ed. Cascavelle VEL3073