Cynips La châtaigneraie en danger Les castanéiculteurs ont interpellé les pouvoirs publics sur la présence dévastatrice et mortifère d’un parasite, le cynips du châtaignier. Le cynips a déjà causé des dégâts irrémédiables dans plusieurs régions d’Europe et des foyers ont été détectés récemment dans le Var et en Corse, dans des châtaigneraies situées dans le nord  de l’île. Le cynips est une larve qui se niche dans les bourgeons des châtaigniers. Elles sont donc indétectables à l’œil nu et leur présence ne se remarque qu’au printemps. En Corse, l’infestation concerne un territoire étendu de Borgo à Bisinchi avec des foyers importants dans certaines exploitations. La présence de ce parasite du châtaigner a été détectée en juin mais d’après l’état de certains arbres, la contamination peut remonter à deux ans. La vitesse de propagation du cynips est estimée à 10 kilomètres par an. Aucun traitement efficace La pépinière installée à Cunéo, dans le nord de l’Italie, a commencé à importer des plants de châtaigniers du Japon afin de créer des variétés hybrides résistantes aux maladies dont le chancre. Les pépiniéristes ont poursuivi les importations malgré la détection de ce parasite dévastateur. Les professionnels de la châtaigne ont quant à eux organisé une campagne d’alerte en Corse dès 2002. Seule la pépinière de Casteluccio, à Ajaccio, a été épargnée car elle a renoncé aux importations depuis plusieurs années. «  Il n’existe aucun moyen de traitement curatif ou préventif suffisamment efficace pour ralentir la progression du cynips ou le contrôler une fois qu’il est présent, prévient Fabien Menu, chef du service de l’alimentation à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). La lutte biologique permet au mieux de minorer les dégâts une fois que le cynips est déjà bien installé. Le cynips entraîne des pertes de production telles que la récolte des châtaignes n’est plus économiquement rentable quand il est installé  ». Tout bourgeon infesté par des larves ne se développe pas, l’arbre finit par mourir, ce qui engendre un ralentissement de la production qui peut atteindre 80%. «  C’est une catastrophe aussi bien économique qu’écologique, se désole Agnès Simonpierti, élue territoriale de Femu a Corsica. Depuis 20 ans, la filière castanéicole enregistre des résultats prometteurs. Ce secteur qui était dans un état de déliquescence compte aujourd’hui 80 producteurs  ». Chute de 80% de la production Une réunion à Corte le 29 juin a rassemblé les acteurs de la filière, le groupement régional, le syndicat AOC, l’Odarc, l’Office de l’Environnement ainsi que les services de l’Etat. Ensemble ils ont défini les pistes à court, moyen et long termes pour lutter contre cette infestation. Dans l’immédiat, il s’agit de soutenir la filière et d’aider les castanéiculteurs à passer ce cap difficile. «  Les conséquences peuvent s’avérer terribles avec une baisse de la production pouvant atteindre 80%  », explique Carine Franchi, animatrice de la filière pour la Chambre régionale de l’Agriculture. La présence dévastatrice du cynips aura également des répercussions sur d’autres secteurs d’activité tels que la production agroalimentaire qui transforme le fruit et l’élevage porcin dont le cahier des charges pour l’AOC exige une finition à la châtaigne. L’Appellation d’origine protégée (AOP), label européen, est actuellement en cours de validation par l’Union Européenne et devrait être officialisée d’ici fin septembre. Une distinction européenne qui aurait dà » être de bon augure pour la commercialisation de la farine. Or, la diminution de la production de châtaignes ne permettra pas de répondre à la demande des consommateurs. En ce qui concerne la lutte biologique à long terme, il s’agit d’introduire le parasite du cynips, le torimus, dans les châtaigner en s’inspirant des actions menées actuellement par l’Italie, pays durement touché également par cette larve mortifère. Enfin, une vaste prospection de la châtaigneraie va être diligentée afin de déterminer avec précision quelles variétés sont plus résistantes à la présence du cynips. L’objectif est de parvenir d’ici quelques années à enrayer la contagion et d’assurer aux châtaigneraies un équilibre. «  C’est une catastrophe économique, sociale, environnementale et touristique qui se profile, estime Carine Franchi. La filière castanéicole est extrêmement en danger et la châtaigneraie corse risque de disparaître si nous ne mettons pas en place des actions rapidement. Au-delà de la filière, c’est aussi tout un patrimoine qui risque de disparaître. Nous devons trouver les solutions pour soutenir les agriculteurs car de nombreuses exploitations vont vivre des périodes difficiles  ». M.K Â