A quelle occasion vous êtes-vous lancée dans l’écriture pour la jeunesse ? Cette littérature a-t-elle été importante pendant votre enfance ?
Enfant je lisais beaucoup : des « Picsous » à la poésie. Je me souviens en particulier de « La reine des neiges » d’Andersen, qui m’a marqué… Plus tard quand ma fille est née je lui ai lu des histoires. Mais un jour en panne de livres je lui ai inventé des contes autour des légumes. Ça l’a intéressée. Je me suis prise au jeu, et suis passé de l’oral à l’écrit !
Écrire pour des adultes ou pour des enfants est-ce pareil ?
Lorsque j’écris pour les petits il me vient une foule d’idées et je suis alors presqu’euphorique. C’est un vrai plaisir. Par contre c’est souvent une souffrance quand j’écris pour les adultes.
Des albums à la BD le pas a-t-il été facile à franchir ?
La BD c’est une suggestion de mon éditrice, Danica Urbani. Dans cette aventure elle m’a énormément stimulé. De mon côté j’ai toujours été étonné qu’il y ait si peu de choses sur l’enfance de Napoléon, c’est pourquoi j’ai choisi ce sujet. Maintenant je vais m’essayer à la BD pour adultes à la suite de ma rencontre avec un illustrateur lors du festival de la bande dessinée d’Ajaccio.
Napoléon sans la Corse aurait-il été Napoléon ?
La Corse forge des caractères. La Corse créée des tempéraments.
Comment abordez-vous la BD ? Quelles sont vos relations avec l’illustrateur ?
C’est l’éditrice vivant à Bordeaux qui fait le lien avec le dessinateur demeurant à Nantes et moi qui suis en Corse. L’écriture de BD est très contraignante. Il faut constamment aller à l’essentiel et veiller à ne pas se perdre dans sa prose ! Mais cette contrainte est positive car elle m’apprend mon métier d’écrivain, y compris si je m’adresse à un public d’adultes. La BD c’est la concision obligée et l’utilisation impérative du mot juste.
A partir de quel âge un enfant peut-il s’intéresser au « Secret de Napoléon » ?
Comme il y a plusieurs niveaux d’approche et de lecture à partir de 5 ans jusqu’à 12 ans.
L’auteure des « Contes du potager » aime-t-elle les légumes ?
J’adore cuisiner, j’aime donc les légumes. Leur provenance, leur histoire m’intéressent aussi. Passionnantes par exemple les difficultés qu’a eu la pomme de terre pour se faire adopter en Europe ! Aiguiser la curiosité des enfants est indispensable, c’est ce que j’ai voulu faire avec « Les contes du potager ».
Les mots un peu difficiles vous ne les redoutez pas ?
Il ne faut pas appauvrir le vocabulaire ! Face à un mot inconnu un enfant va poser une question. Je déteste cette littérature jeunesse qui ne mise que sur l’illustration. Il y a là un risque car les mots structurent la pensée des enfants. Écrire pour les jeunes exige beaucoup de soin : ne sont-ils pas en effet l’avenir !
Des textes en français et en corse … une évidence pour vous ? Pour votre éditrice ?
Le bilinguisme me tient à cœur. Il est nécessaire et cadre bien avec des écoles bilingues dont certaines ont des jardins scolaires ce qui cadre parfaitement avec « Les contes du potager », d’où l’évidence d’une traduction. Quant au « Secret de Napoléon » il est publié dans la collection, « La marmite – O – langues » où l’on trouve également de l’anglais, de l’espagnol, de l’italien, de l’allemand. D’origine serbe, élevée dans un environnement interculturel, mon éditrice est tout naturellement attachée au multilinguisme.
Vous intervenez auprès d’enfants dans des médiathèques d’Ajaccio et dans des écoles de cette ville. Que vous apportent ces activités ?
Avec les enfants je suis vraiment libre. Ils sont drôles. Ils aiment les mots. Ils ne suivent pas encore les rails tracés par la société. Attentifs et curieux ils questionnent beaucoup. S’ils abordent leur quotidien c’est en le transposant ou de façon détournée.
D’autres livres bientôt ?
En juin, un album pour enfants et un roman pour adultes, « Retours à Monadem ». En septembre, un roman jeunesse.
Propos recueillis par M.A-P