En même temps que la signature d’une convention tripartite vous annoncez la fusion d’Art Mouv’ et de Zone Libre, association dédiée à l’art numérique. Pourquoi cette décision ?
Avec Tommy Lawson qui a lancé Zone Libre on a créé Art Mouv’ et on a toujours travaillé ensemble. On s’est rendu compte qu’on avait tout intérêt à nous regrouper en un collectif pour nous faciliter la vie au niveau administratif.
Art Mouv’ a une nouvelle présidente, Gilberte Hugouvieux. Qui est-elle ?
Gilberte a beaucoup travaillé dans le domaine culturel. A la tête d’une structure lyonnaise elle a aidé de nombreuses compagnies de hip hop se créer et à se développer. Elle a également collaboré à « Montpellier Danse » et avec l’opéra de Lyon. Depuis quatre ans elle anime une association en liaison avec des programmateurs nationaux de danse. Gilberte nous paraissait tout indiquée pour nous soutenir. C’est pourquoi on l’a sollicitée. Elle vient d’ailleurs régulièrement à Bastia.
Même si vous êtes corse il n’était pas évident d’établir votre compagnie de danse contemporaine ici. Qu’est-ce qui vous a décidé à franchir le pas ?
Aux « Rencontres de Danse Urbaines » de la Villette à Paris nous avons fait la connaissance d’Alexandre Périgot qui dirigeait la manifestation, « Studio Vidéo Danse » à Bastia. Il nous a invités pour une résidence et c’est ainsi que de fil en aiguille on s’est fixé ici.
Quelles sont les étapes importantes dans l’existence de votre compagnie ?
1998 date de la création d’Art Mouv’. La signature d’une première convention avec la CTC en 2003 ce qui nous a permis d’avoir des échanges avec l’étranger et d’acquérir une autre vison de notre travail et du monde. Puis 2004, année de démarrage du festival « Plateforme Danse », manifestation qui a confirmé notre identité artistique.
Votre propos initial a-t-il évolué ?
Sur le plan esthétique et sur le plan thématique très certainement ! Art Mouv’ a évolué sur la forme et sur le fond de façon permanente car on se veut ouvert. Entre le chorégraphique et le numérique l’écriture de la compagnie s’est précisée. La série de nos derniers spectacles intitulés « Paysages » est construite autour de cette articulation. Quant aux thèmes abordés on a mis l’accent sur les questions de société et d’environnement.
Vous tenez beaucoup aux échanges en accueillant des artistes étrangers ou en vous rendant dans leurs pays. C’est indispensable ?
Pour moi la danse est voyage. Voyage à l’intérieur du corps d’abord… En allant en Afrique, en Amérique latine on a multiplié les rencontres artistiques, pris conscience qu’il y a beaucoup des références différentes suivant les cultures ainsi que des manières très diverses de penser. On a aussi mieux cerné notre propre identité culturelle insulaire, nationale, européenne.
Par rapport aux autres arts qu’apporte de spécifique la danse ?
Le corps, qui en prise directe avec l’espace, devient mode d’expression. Pour aller à l’essentiel la danse exige simplicité, abnégation… En tant que chorégraphe-interprète je dois constamment être à la fois dans le regard et l’action.
Comment appréciez-vous l’implantation à Bastia d’une scène nationale ?
C’est un projet culturel ambitieux pour la ville et la Corse. Il doit promouvoir une création innovante. Il faut que ce soit un plus pour l’île et que chacun y trouve sa place. L’intérêt d’une telle scène est de se situer dans une problématique de qualité et non plus de rentabilité. C’est là un aspect capital.
Préoccupée par la crise ?
Évidemment puisque la culture perd du crédit … au propre et au figuré ! Résultat, de moins en moins de subventions et de plus en plus de difficultés pour la diffusion. Mais je garde la foi !
Propos recueillis par M.A-P