Accueil du site > Culture > À la découverte des Ateliers du Spectateur, de l’Association Corsica (...)
 

À la découverte des Ateliers du Spectateur, de l’Association Corsica Doc

jeudi 31 mai 2012, par Journal de la Corse

Ce weekend, comme un écho au Festival de Cannes a lieu l’événement Ciné « les ateliers du spectateur », menés par Corsica Doc au CSJC d’Ajaccio, animés par Marie-Pierre Duhamel Muller, critique, enseignante et programmatrice. Au programme « Parler sa (une) langue au (de) cinéma », avec projection et analyse d’extraits de films et de courts-métrages. La présidente de l’association, Annick Peigné-Giuly, nous en dit plus sur ces trois jours dédiés au cinéma.

Quel est le but de ces « ateliers du spectateur » ?

Il s’agit, avant tout, de voir des films et des extraits de films ensemble, entre spectateurs plus ou moins avertis. "Spectateur" n’est pas un métier évidemment et il ne s’agit pas de l’apprendre... Il s’agit de comprendre de quoi est fait le plaisir ou l’agacement que provoquent les images en nous. Un flot d’images nous arrive aujourd’hui par des supports de plus en plus nombreux. Certains sont choisis, comme la salle de cinéma ou internet. D’autres, sont plus "subis" comme la télévision ou les multiples écrans présents dans les lieux publics. Il s’agit, dans ces ateliers, de devenir des spectateurs plus "avertis", des spectateurs "émancipés" comme le dit le philosophe Jacques Rancière. Et cela en fouillant dans l’histoire du cinéma (tout le cinéma, fiction ou documentaire). En remuant nos souvenirs et nos plaisirs de cinéma. Avec une même intervenante, Marie-Pierre Duhamel Muller (enseignante et programmatrice de cinéma), nous organisons ces ateliers chaque année autour d’un thème différent. L’an dernier par exemple, "Filmer la guerre", et cette année "Parler sa langue au cinéma".

Evoquez-nous plus spécifiquement, cet atelier qui a lieu du 1er au 3 juin sur « Parler (sa) une langue au ciné » ?

La question de la langue, des dialogues est un biais pour éclairer différents pans de l’histoire du cinéma. La circulation des films dans des pays aux langues diverses, la place des langues minoritaires dans le cinéma, des accents régionaux ou des accents "de classe"... Mine de rien, c’est un angle très politique pour revoir des films aussi connus que "La Marseillaise" de Jean Renoir, "La Captive aux yeux clairs" de Howard Hawks ou un documentaire récent de Malek Bensmaïl, "Aliénations". Jusqu’à l’avènement du parlant, les films (muets) circulaient dans le monde entier sans problème. Le premier film parlant, "le chanteur de jazz", est un film américain et il sort à peu près en même temps que le premier film parlant français, en 1929, « Les trois Masques » d’André Hugon. Alors se pose le problème de la traduction. La solution est souvent dans des "cartons" qui résument les dialogues ou l’intrigue, et ensuite viendront les sous-titrages. Plus tard, le doublage. Mais on est loin d’une traduction fidèle des dialogues. Sans parler des langues tout bonnement gommées comme celle des Indiens qui parlent un américain parfait dans les westerns. Une autre manière de gommer une culture, un peuple... Tout cela évolue au gré de l’histoire du cinéma mais aussi de l’Histoire tout court. On peut remarquer par exemple, aujourd’hui, le développement d’un cinéma venu des pays "émergents", et qui met un point d’honneur à parler SA langue.

Lisa D’Orazio

Répondre à cet article