Toujours soucieuses de ressusciter des prestations musicales d’un passé plus ou moins lointain, les Editions Malibran viennent de nous proposer un récital Martha Angelici qui présente le double intérêt de contenir d’heureuses réalisations de l’inoubliable soprano corse et de nous renouveler l’occasion de réentendre cette artiste lyrique accomplie issue de notre terre. Ce récital est gravé dans un CD aussi riche sur le plan quantitatif que qualitatif. (1). L’âge de l’enregistrement fait légèrement sonner un rien ancien ce précieux album. Cependant la voix particulièrement phonogénique de Martha et le souvenir qu’on peut avoir gardé de son talent passent tout à fait la rampe. Pour les plus jeunes d’entre nous, rappelons que Martha Angelici naquit à Cargèse le 22 mai 1907. Après des études musicales brillantes à Bruxelles où des liens de famille l’avaient conduite, elle fit ses vrais débuts sur scène à Marseille en 1936 aux côtés de son compatriote Gaston Micheletti dans la Bohême. Puis ce fut la création des « Chants de Cyrnos » d’Henri Tomasi à Paris. C’était une dame simple, modeste et généreuse, fuyant même la publicité au détriment peut être d’une carrière qui fut belle mais qui aurait pu l’être plus encore. Elle devait devenir l’épouse de François Agostini, originaire d’Oletta et qu’André Malraux devait nommer à la tête de l’Opéra de Paris. En 1939, elle part avec la troupe de l’Opéra Comique en tournée au Brésil. Elle restera quatorze ans membre de cette troupe, y chantant Mimi, Nedda, Leila, Micaela, Mireille, Sophie, Yniold etc…, En 1953, elle entre à l‘Opéra pour y chanter Xénia de Boris Godounov. Elle y restera sept ans Grâce à sa musicalité parfaite et sa voix au timbre pur, Martha Angelici sera une Pamina exemplaire dans la Flûte Enchantée et créera le rôle de Tanit-Zerga dans « l’Atlantide » de Tomasi. En pleine possession de ses moyens, après trente ans de carrière, « le rossignol de Cargèse », nous dit Jean Ziegler, présentateur du disque, se retire dans sa Corse natale et s’éteint à Ajaccio le 11 septembre 1973. Un disque pour mélomane averti.
Vincent Azamberti
(1) Malibran MR 578